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Soudain, tout l'occident pour une étoile seule,
Haute lampe d'Allah veillant l'immensité
Dans un instant divin de parfaite unité
Où l'air a pris au sol son ardente pâleur!
Ineffable tourment sanglotant sur ma bouche.
Mon âme, elle, a choisi le Sud illimité.

Mr Forest (qui termine son rapport par une déclaration catégorique: « J'aime l'Afrique ! » et prouve la sincérité de sa conversion en partant en guerre contre... les mouches, fléau de sa terre d'élection) est une conquête que l'Algérie a faite sur la France et les jeunes filles lyonnaises, ses élèves, apprendront certainement à aimer sa patrie d'adoption. Et cette conquête n'est pas unique. Il n'est pas un seul de ces voyageurs qui n'aient été séduits par la magie de l'Afrique du nord, et plusieurs déclarent : « je reviendrai ». M. Baudouin, (E. P. S. de Gourdon) dont l'intéressant rapport est orné de photographies, veut servir l'Algérie non seulement dans sa classe, car il a rapporté « ample provision de gravures, de livraisons et d'affiches », mais aussi en dehors et il nous promet un travail : sur « les arbres et les bois d'Algérie » et une étude sur « les thermes et la question hydraulique chez les Romains d'Afrique ». En somme si la terre algérienne a déçu quelques amateurs de frais ombrages et de vertes campagnes, elle a séduit le plus grand nombre de nos boursiers et a fait de quelques-uns des pèlerins passionnés de l' Afrique du Nord.
 

b) La vie indigène

La vie indigène a plus encore que le pittoresque du sol et que la beauté des villes intéressé les boursiers. M. Chabridon, instituteur à Huriel (Allier), note l'impression désagréable que produisent sur l'étranger

      

les indigènes qui, à l'arrivée du bateau « se ruent,  nombreux, loqueteux, sordides, à la descente des voyageurs, se disputant les valises, offrant leurs services avec une insistance et une persistance d'affamés. Et les petits cireurs donc ! Puis le long des quais contre les parapets, tous ces êtres indolents, pieds nus, drapés de burnous d'un blanc douteux, la tête protégée du soleil par quelque méchante chéchia ou quelque enroulement de

Alger - Une rue de la Casbah.

toile, sont peu sympathiques. »
A ces critiques, un Algérien répondra que ces indigènes ne sont pas des inutiles : ils travaillent à leur manière. Quand arrive un bateau marchand, ils accourent et ne marchandent pas leur peine jusqu'à ce que le déchargement en soit terminé. Après quoi, ils flânent attendant qu'une autre tâche s'offre à eux. C'est assez naturel et il n'y a pas trop à redire là-dessus.

La mendicité surtout, exercée par les enfants, a peiné les coeurs sensibles. P'tit sou. P'tit sou, tel est le cri de l'Algérie, note une boursière. Nous comprenons parfaitement cette tristesse, mais là encore il vaut mieux essayer d'expliquer que de vitupérer la faiblesse en ce point de l'âme indigène : la religion musulmane n'interdit pas, au contraire, la demande de l'aumône et

 
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