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   fait de l'assistance des indigents et de la pratique de l'hospitalité des devoirs impérieux du fidèle. De même il faut considérer que les conquêtes de l'hygiène moderne sont difficiles à imposer et que le soleil, grand purificateur, est le meilleur antiseptique qui permet à l'Algérie, comme à tous les pays du midi, d'être sale autant qu'il lui plaît. Cependant certaines révoltes sont justifiées. Mlle Rossignol, directrice d'École à Lyon, note, comme beaucoup de ses collègues féminins, l'abandon où est laissée l'enfance : « les enfants surtout excitent notre pitié : des chapelets de mouches sont collés autour de leurs yeux, semble-t-il, car c'est l'époque où lest dattes vont mûrir et les mouches foisonnent ». Certes, pour nos institutrices penchées avec tant de dévouement sur l'enfance, ce spectacle est pénible et il est juste de dire que, si l'école algérienne fait ce qu'elle peut, il reste encore beaucoup de progrès à réaliser.
Ces critiques faites — où il y a bien de la sympathie latente — les voyageurs constatent qu'ils ont à peine aperçu, « par quelques portes ouvertes » qu'ils ne franchirent pas, la vie des indigènes, renfermée dans le mystère des maisons bien défendues contre la curiosité des étrangers, impénétrables comme le regard des Arabes, dont l'âme est cachée dans ce regard absent comme leur corps est dissimulé sous les amples plis du burnous. Pourtant quelques-uns d'entre eux ont été fort aimablement reçus par Si Mohammed ben Dridi, cheik de Bou-Chagrouh, qui trouvera ici et les remerciements de ses invités et ceux du Comité du Centenaire. Melle Collas (E.P.S. de Mayenne) et Mlle Loustau (Cours complémentaire de Salies-de-Béarn) font de cette belle réception un tableau pittoresque et ému : Si Mohammed leur a donné une haute idée de la courtoisie et de la dignité de vie des Algériens bien nés.
Les maîtres de notre éducation populaire ont été naturellement portés à se demander quelle influence
      

a exercée l'enseignement des indigènes. Ils ont rapporté, il faut le dire, des avis contradictoires. Les uns sont très optimistes : M. Bouzid (Directeur d'École à Mauguio), très fier d'être « un enfant d'Algérie » et d'enseigner maintenant les enfants de France, le proclame, Mlle Geneviève Denssède (Cours complémentaire de La Roche à Saint-Eloy-les-Mines) croit volontiers le bon vieillard

qui lui fait visiter les bâtiments de l'école d'El Kantara. Elle a transformé, nous dit-elle, « le pays et les enfants, cette écoule !, Li jeunesse est réfléchie.  moins turbulente et si  savante, les jeunes gens plus respectueux et le service militaire en France est le rêve de chacun ».
Hum ! Nous nous serions quelque peu méfié de ce docteur Pangloss indigène ! Nous serions plus disposé à croire M. Saillard, instituteur à Villiers-sous-Chalamont, qui, ancien élève de la section spéciale de l'École normale

de La Bouzaréa, a été instituteur à Sétif. Il a noté un heureux changement de la situation qu'il observait il y a 20 ans, un progrès qui « a dépassé mon attente », écrit-il. Et M. Ruayres, professeur à l'École normale de Montauban, qui a conversé avec des instituteurs algériens, estime que « les programmes de l'enseignement indigène semblent maintenant
 

 
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