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théories des anthropologues sont souvent assez risquées. Bénéfice certain, car notre devoir n'est-il pas, à nous les universitaires bourrés de lectures, d'apprendre à nous défier des livres qui s'interposent trop souvent entre notre oeil et la vie? « Comment ne pas noter à la fois « combien est utile la connaissance indirecte et livresque et combien elle est insuffisante, inexacte même dans sa précision? Ainsi, je n'ai à proprement parler rien appris de nouveau sur le relief

Cimetière musulman

de l'Algérie et pourtant j'en ai une idée tout autre... » M. Barbelenet, professeur au Lycée Lakanal, pense que le séjour qu'il a fait en Algérie ne sera pas inutile à ses élèves de lettres ; je sais bien que mes  élèves de troisième B ne m'auraient pas témoigné une émotion aussi vive au cours d'une explication de la mort de Sylvestre de Pierre Loti, si à Touggourt, tandis que je méditais sur le pieux anonymat des tombes musulmanes, je n'avais pas senti se draper sur mes épaules le lourd manteau d'argent incandescent. »

       D'autres, comme M. Boussinesq, professeur de première au collège de Brive, considèrent que « pour un professeur de lettres le profit le plus clair est celui (qu'il) a retiré de la contemplation des « Villes d'Or ». M. Eude, professeur de cinquième au Lycée de Chambéry, nous revient avec une âme de militant :  aussi je ne me lasserai pas de vanter aux jeunes gens vigoureux et entreprenants le charme de cette France d'outre-mer, si près de la métropole, qui offrira un vaste champ à leur activité intelligente, dans tous les domaines, en particulier dans l'exploitation minière encore à ses débuts », tandis que M. Denis, professeur d'espagnol au Lycée d'Orléans, se contente de nous donner des pages très ingénieuses sur ce qu'il a vu pendant le mois qu'il a consacré à parcourir le Maghreb. Nous relevons entr'autres cette jolie explication du succès que les lignes d'autobus rencontrent chez les indigènes : « Elles (les Compagnies de transport) exploitent l'instinct séculaire du nomade... Famélique, loqueteux, l'indigène passera « des journées entières au soleil, sur l'impériale, pour satisfaire sa passion vagabonde. Une vie nouvelle est née pour lui avec la voiture mécanique. Il en profitera donc et délaissera mulet et chameau. Mais ci en cela il ne fait que céder à la fatalité. Il s'installe dans l'autobus comme il s'est installé dans la vie française ; Mektoub ! » Les professeurs d'histoire et de géographie ont eu deux préoccupations différentes. L'une les portait vers les études d'érudition : la générosité du Comité a été pour eux l'occasion de recherches portant sur la géographie physique ou humaine, sur l'archéologie de l'Afrique du Nord, l'histoire de l'art mauresque, la sociologie ou la colonisation de l'Algérie française. L'autre les incitait à obéir à la circulaire ministérielle qui leur conseillait de rechercher  
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