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II
Les premiers rêves d'expansion saharienne
Le Cardinal Lavigerie
C'est en 1864 qu'éclate l'insurrection des Oulad Sidi Cheikh,
après la mort du bachagha Si Hamza Ben-Eddin. Elle débuta par
l'anéantissement de la petite colonne de police du colonel
Beauprêtre et dura près de vingt années.
Comme notre alliance avec Si Hamza avait permis à celui-ci, en
même temps qu'elle aidait notre pénétration de consolider
matériellement une autorité et un prestige jusque-là
demeurés
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A l'intérieur de ces limites, continua toutefois notre oeuvre d'organisation
et d'équipement technique, notamment dans l'Oued Rhir qui prend, avec
l'entrée en ligne des premiers planteurs européens, un développement
inattendu. L'idée de la mer intérieure de Roudaire est lancée à ce moment
et si elle se démontre, à l'étude, dépourvue de bases pratiques, du moins,
témoigne-t-elle de l'intérêt que l'on commence à porter en France aux
contrées sahariennes.
Parmi les initiatives individuelles qui s'attachèrent dans cette période à
encourager la reconnaissance du Sahara et son attraction vers la France, on ne
saurait sous-estimer celle du cardinal Lavigerie, qui domine les autres de
toute l'ampleur de sa vaste intelligence et de son idéalisme chrétien.
Le cardinal Lavigerie a été, pendant le XIXème siècle, la
personnalité la plus forte et la plus marquante du monde catholique
français. A une âme d'apôtre, imprégnée d'un esprit de prosélytisme qui
pouvait n'être pas toujours sans danger, il joignait le caractère d'un
soldat conquérant. Avec son esprit clairvoyant de grand Français, il avait
deviné l'importance de premier ordre qu'aurait pour la France la possession
de l'Afrique noire de l'ouest et, par delà le Sahara, il entrevoyait les
riches plaines soudanaises comme devant former le complément de l'Algérie.
Il croyait, par sa formation de prêtre, que le principal obstacle à sa
pénétration, la France le trouverait dans l'islamisme; il voulait lancer des
missions parmi les populations musulmanes et dans les tribus païennes,
missions qui, en même temps, conquerraient pour la France de vastes
territoires; et il se flattait d'amener au culte catholique des hommes acquis
à l'islamisme. On sait que sur ce point le gouvernement dut nettement limiter
son activité spirituelle.
L'idée première des Pères Blancs du Sahara résulte de ces conceptions - et
puisque aussi bien l'initiative gouvernementale, à ce moment assoupie,
paraissait se désintéresser des régions méridionales de l'Algérie, il
pensa pouvoir, avec le corps ardent des missionnaires qu'il avait formés à
son image, faire précéder les armées du gouvernement de la France par les
soldats du Christ.
Il pensait peut-être, d'après certains récits de Barth, de Vogel, de
Duveyrier, que ses missionnaires rencontreraient partout un accueil favorable
ou tout au moins qu'ils ne se heurteraient pas à des hostilités déclarées.
Or, aussitôt que les premières de ces missions, quittant les régions
occupées,
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