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   officiers dans le nouveau système, fondé sur le principe de vivre sur le pays ou du moins moyennant des marchés réalisés sur place, prendraient également la direction de tous les services. Ils seraient intendants, ingénieurs, artilleurs, fantassins, cavaliers...

Le commandant du territoire, allégé de tout souci administratif, dirigerait en personne la partie la plus délicate, à savoir la politique indigène. Au prix d'inces­sants déplacements, il prendrait personnellement contact avec toutes les tribus et avec tous les chefs, s'enquérant de leur état matériel et moral, les apprivoisant peu à peu par des palabres amicales et confiantes.
      

explorations, les vovages difficiles ou de signification politique. Dans la colonne de méharistes très légère qu'il emmenait, les bagages et le confort étaient réduits à l'extrême : vivres et eau étant étroitement mesurés... Et cependant, tandis que le capitaine chevauchait auprès de quelque chef ou guide touareg, lui faisait dire, sous couleur amicale, tout qu'il savait du pays, des hommes, etc... un officier, sextant et boussole en main, dressait les itinéraires nouveaux, un autre étudiait la géologie, etc...

Ces méthodes rendirent admirablement. En cinq ans, les Touareg Hoggar dont le nouveau chef Moussa Ag Amastane avait tout de suite apprécié la réalité des choses, nous étaient complètement ralliés - et le colonel Laperrine vantait leur intelligence et les résultats de leur apprivoise­ment. Les nobles Taitoq et Kelrela de l'Adrar étaient venus spontanément au devant du nouveau chef. Ses reconnaissances pénétraient dans l'Est où elles retrouvaient les goumiers du capitaine Touchard lancés de l'annexe de Touggourt jusqu'aux portes de Djanet.

Enfin un contact définitif était pris avec les troupes soudanaises qui, sur l'autre rive du Sahara, commençaient à s'ébranler vers le Nord. A Timiaouin, la colonne Laperrine rencontrait le capitaine Theveniaux et ce premier contact, rendu un peu orageux par les circonstances, servait de base au premier accord de délimitation de 1904 que le colonel Laperrine vint lui-même en 1909 faire ratifier et modifier à Niamey d'accord avec le colonel Venel dont j'étais l'adjoint.
Vers l'extrême Ouest, la reconnaissance lancée vers Tacdenit, un moment compromise par les fatigues d'un été rigoureux et l'empoisonnement des eaux de Tnihaïa, complétait le réseau des missions sahariennes. Le capitaine Nieger, cartographe attitré du territoire des Oasis, put tirer de celles-ci les éléments de l'excellent croquis au 1/1.000.000 en couleurs, qui pendant plus de dix ans servira d'instrument de travail pour tous les sahariens.

Laperrine sentait cependant que sur l'âme touareg il fallait conserver un contact permanent et il le voulait ce contact, dans le massif du Hoggar même. Aussi lorsque son ancien ami, le vicomte de Foucauld, devenu le Père de Foucauld, après un long stage en Syrie et une exploration remarquable du Maroc, vint chercher asile et repos dans le Sahara, il fit appel à son dévouement pour occuper ce poste de confiance qui serait celui de directeur de l'âme

 
Sous-officier méhariste
Le commandant Laperrine, comme le général Lyautey, avait cette puissance d'attraction incomparable qu'exercent autour d'eux les hommes d'action prédestinés.
Une phalange de jeunes et ardents officiers dévoués à leur chef dont ils appréciaient le stoïcisme, l'abnégation, le dévouement à la chose publique, donnaient à l'œuvre commune toutes leurs forces, toute leur intelligence.

Le chef lui-même prit à son compte les premières
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