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résistance depuis que les Turcs avaient cessé de la diriger,
après le traité d'Ouchy, était passée aux mains des dirigeants
senoussistes qui agissaient puissamment sur des milliers de fidèles
adeptes... Partout les convois italiens, les petits détachements
eux-mêmes étaient attaqués et malheureusement la résistance
n'était point de grand résultat. Bientôt on apprenait que le Sud
tripolitain avait été évacué par les Italiens et que les postes
de Chat et de Ghadamès, adossés à la frontière française,
étaient directement menacés.
La politique du gouvernement fut de conserver vis-à-vis des
Italiens une neutralité bienveillante et, sans combattre à leurs
côtés, de protéger ceux d'entre eux qui se confieraient à nous.
C'est ainsi qu'en décembre 1914 toute la garnison de Ghat se replia
sous. la protection des feux de FortPolignac et fut défendue par
nous lors de son long et pénible retour par Temassinin et
Ghadamès. Quelques mois plus tard, en juillet 1915, la garnison de
Ghadamès recevait à son tour l'ordre de se replier le long de la
frontière française et les méharistes et goumiers algériens
devaient encore protéger ce repli.
Les conséquences de ce repli qui fut malheureusement accompagné de
l'abandon de nombreuses armes : fusils, mitrailleuses, canons,
allaient être considérables. Un mois plus tard, les montagnards du
Djebel Tripolitain, conduits par Khalifa Ben Asker, furieux de ce
que nous avions accueilli les restes des garnisons de Nalout et de
Sinaoun, se portaient à l'attaque des postes du Sud tunisien vers
Dehibat et Oum Souigh.
Une dure campagne, qui dura jusqu'au début de 1916 et entraîna des
contingents algériens, fut à ce moment engagée par la Tunisie qui
dut, jusqu'à la fin de la guerre, se conserver une sérieuse
couverture de ce côté.
Cependant sur la frontière algéro-tripolitaine de Ghadamès à
Chat la situation, jusque-là assez calme, devenait trouble. Les
escarmouches devenaient plus nombreuses avec nos troupes de
couverture; en mars 1916, les Senoussistes, levant tous les masques
dont ils avaient essayé d'envelopper leur action, attaquèrent et
enlevèrent notre poste extrême de Djanet.
Ce fut le prélude de très dures opérations au cours desquelles la
leçon infligée à Djanet aux Senoussistes, auxquels se joignirent
peu à peu les Touaregs Ajjers, ne pouvait être confirmée comme il
l'eût fallu par une victoire décisive sur les Senoussistes
rassemblés à Ghat; au moment même de l'assaut, nous reçûmes
l'ordre formel de ne pas attaquer. |
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Dès lors, la partie était rendue difficile. Derrière les colonnes
françaises, les coupeurs de route, rendus chaque jour plus hardis, enlevaient
nos convois, nos courriers, attaquant même nos détachements. La reprise de
l'offensive commencée en novembre 1916 ne pouvait aboutir, par suite de
directives gouvernementales de plus en plus restrictives, qu'à évacuer la
garnison de Fort-Polignac.
Partout nos détachements tenaient, mais l'insurrection gagnait. Néanmoins
Flatters et Aïn-El-Hadjadj étaient solidement organisés contre toutes
attaques et les méharistes algériens allaient se porter vers le Hoggar où
les événements commençaient à prendre mauvaise tournure, à cause de
l'intrusion d'éléments étrangers nouveaux, lorsque le gouvernement, prenant
une décision louable et sûre, mais qui arrêta sur le moment une action qui
pouvait être intéressante, confia au général Laperrine, rappelé du front
français, avec un commandement très vaste qui s'étendait sur tout le Sahara
français depuis les rives soudanaises jusqu'à l'Algérie du Nord, des
attributions élargies.
Malheureusement, ni les liaisons télégraphiques nécessaires à un tel'
commandement n'étaient encore réalisées, ni les pistes utiles pour les
automobiles n'étaient équipées, et les deux dernières années de la guerre
virent se continuer sans arrêt la même suite d'attaques, de pillages et de
combats qui vinrent jusqu'aux portes mêmes d'In-Salah porter l'alarme.
Du moins, au point de vue politique, Laperrine avait repris barre sur les
Touareg Hoggar ramenés vers nous par Moussa Ag Amastare, honteux de sa
défaillance d'un moment, et, lorsqu'en 1920, le général Laperrine revint.
il retrouva le pays dans l'état où il l'avait laissé en 1910.
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