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où la grande prospérité économique éclata en Algérie comme une
explosion. ]onnart a eu plus longtemps qu'aucun autre gouverneur
général l'honneur de présider à cette magnifique évolution.
D'autres hommes, qui ne furent pas gouverneurs généraux, ont
pesé de la façon la plus heureuse sur l'évolution de l'Algérie.
Jules Ferry n'a pas seulement déclenché l'établissement en
Tunisie du protectorat français. Comme rapporteur du budget
algérien, il a exercé une action profonde.
Burdeau fut un autre rapporteur du budget, dont le rapport en 1892
fut une date importante.
Paul Bert n'a guère touché directement aux affaires algériennes;
mais son œuvre dans la politique coloniale de la Ille République a
eu sa répercussion en Afrique du Nord.
Parmi les parlementaires d'Algérie, M. Etienne a occupé une place
à part. Il était un type excellent du colon algérien, avec ses
qualités et sans doute aussi ses défauts. Pour exercer une action,
il n'a pas eu seulement à sa disposition les ressources propres de
son tempérament. II a eu l'immense avantage de durer très
longtemps. II représentait le département d'Oran, où le corps
électoral est moins instable qu'à Alger.
La pacification du Sahara et du Maroc a été de grande conséquence
pour l'Algérie, oui doit assurément une part clé reconnaissance
au général Laperrine et au maréchal Lyautey.
Au berceau de l'Algérie, on n'a que l'embarras du choix peur
signaler une foule de personnalités marquantes. Mais cet embarras
du choix est grand. On serait fort embarrassé pour désigner
l'homme en particulier qui puisse revendiquer pour lui cette oeuvre
éminemment collective que fut la mise en valeur de l'Algérie.
Dans cette œuvre collective il faut souligner celle du Gouvernement
général, organisé en services et bureaux. Pendant que les
gouverneurs passaient, en grand nombre, sous leur succession souvent
rapide, le gouvernement général durait immuable. C'est la
condition essentielle du travail utile.
La carrière administrative en Algérie a été une carrière
fermée; le fonctionnaire y entre au début de la vie, pour devenir
plus tard, s'il réussit, un directeur à cheveux gris; il n'en sort
pas : aucune porte n'ouvre normalement sur d'autres administrations
françaises ou coloniales. Le |
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résultat est que le gouvernement général est pénétré d'esprit algérien:
il a l'instinct de la situation, le sentiment inné des réalités et des
possibilités.
Si par impossible le Gouvernement général oubliait l'Algérie, elle aurait
vite fait de se rappeler à lui. Les colons ont leur vie politique, leurs
assemblées, leurs journaux ; une opinion publique parfois acariâtre apporte
incessamment au Gouvernement Général l'appui rectificatif de son contrôle.
Entre l'Algérie et son gouvernement, il y a symbiose.
L'œuvre du gouvernement général n'en a été que plus avisée et par
conséquent plus efficace. Mais c'est une oeuvre de collaboration.
Le gouvernement général a suivi l'Algérie, il ne prétend pas l'avoir
faite, pétrie de ses mains.
Non, ces initiatives individuelles qui ont construit l'Algérie il ne faut pas
les chercher seulement au haut de l'échelle administrative. Elles furent
innombrables et obscures. L'Algérie s'est (bâtie un peu comme une
fourmilière, anonymement. Personne n'a fait l'Algérie exprès, en accord
avec des principes, suivant un plan établi.
Un historien récent de l'Empire Romain prétend que Rome a conquis son empire
sans l'avoir voulu, par inadvertance, sous la pression inaperçue des
événements. C'est peut-être ainsi que se font toutes les grandes choses.
L'Interdépendance de la France
et de l'Algérie
Cette force intérieure de développement et d'autonomie, qui s'est attestée
en Algérie, il faut noter qu'elle a ses limites.
L'Algérie a été conquise par l'armée française et elle ne tient que par
l'armée française. Le colon, homme pratique, en est extrêmement conscient.
N'en concluez pas que l'indigène gît écrasé sous la botte. Rappelez-vous
simplement que jamais depuis 2.000 ans, l'Afrique du Nord n'a été capable,
sans le secours de l'étranger, d'organiser elle-même son ordre et sa paix.
Elle en est aujourd'hui aussi incapable que jamais.
Songez encore, que la viticulture est la grande ressource économique de
l'Algérie, qui est donc étroitement liée au consommateur Français. Ceci
aussi va très profond. L'Afrique du Nord depuis 2.000 ans n'a été prospère
que
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