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   beaucoup de mal, ce qui était de bonne guerre. Mais il ne faut pas les en croire : les violences de polémique sent nécessairement d'une extrême injustice. Les officiers de bureaux arabes furent et sont encore dans l'ensemble un corps magnifique d'hommes pénétrés de leurs devoirs, admirablement au courant de leur besogne. Ils ont fait et ils font encore dans la société indigène une très belle œuvre de pacification des esprits.
L'expérience du royaume arabe a donc été faite dans les meilleures conditions, continuée pendant près de vingt ans, avec esprit de suite, par des hommes dévoués et compétents.
Or, voici les résultats qu'elle a donnés. On les trouvera exposés plus en détail aux chapitres II et III. En gros, dans le royaume arabe, pendant la durée du second Empire, les statistiques ont accusé dans le chiffre de la population indigène un recul d'un cinquième. Elle est tombée de 2.500.000 à 2.000.000 d'habitants, en pleine paix, par simple insuffisance de vie moderne et de prospérité matérielle, pendant que la colonisation marquait le pas.
En face de ce fait brutal, un esprit impartial peut difficilement se refuser à la conclusion : il faut admettre un lien entre la prospérité des colons et celle des indigènes.
En tout cas, la IIIème République a tiré cette conclusion. Elle a fait l'épreuve du fait dont le second Empire avait fourni la contre-épreuve.

La troisième République

On sait que l'empire colonial français a été l'œuvre de la IIIème République. La Tunisie et le Maroc, le Soudan tout entier et le Congo, Madagascar, le Tonkin et l'Annam. conquêtes républicaines que tout cela. Mais ce qu'on ne sait pas assez, c'est que l'Algérie elle-même, l'Algérie des colons, l'Algérie économique, est elle aussi, on le dira plus longuement aux chapitres suivants, œuvre républicaine; le grand élan est postérieur à 1870. Comme tout l'empire colonial français, l'Algérie, qui en est la clef de voûte, a été l'œuvre de la IIIème République.
En bonne justice, il faut faire hommage des résultats obtenus à la politique suivie. Ce fut exactement le contraire de la politique impériale.
Un grand fait capital, source d'émotions intenses, fut la nomination d'un gouverneur général civil. Dans les toutes premières années de la IIIème République, le gouverneur

      

général, qui avait toujours été jusque-là un militaire, fut pour la première fois un civil, Albert Grévy, le frère du président. L'événement fut accueilli par les colons comme un triomphe et c'en était un.
L'Algérie a pris alors sa curieuse figure de prolongation de la France métropolitaine, au point de vue administratif, et électoral. Trois départements français avec tous leurs organes, préfectures et sous-préfectures, dont une attribution essentielle est naturellement la préparation des élections à la Chambre et au Sénat.
Cette conquête du bulletin de vote pour les Chambres françaises, l'Algérie l'avait saluée avec enthousiasme, mais elle ne s'en contenta pas longtemps.
Le 15 décembre 1898, le gouverneur-général, M. Laferrière, inaugurait les Délégations financières, petit parlement algérien. C'était une concession aux émeutes dites antijuives. L'Algérie désormais, tout en conservant sa repré­sentation au parlement français, a son autonomie financière. Un résultat de cette création fut que l'Algérie, qui avait été jusque-là plus ou moins à la charge de la France, en est venue bien vite à ne plus coûter un sou au contribuable métropolitain.

Tels sont les grands tournants de l'histoire politique algérienne sous la IIIème République. Le sens général de cette évolution a été manifestement l'extension à l'Algérie des principes politiques de la démocratie métropolitaine. La direction politique de la colonie a été mise progressivement aux mains des colons eux-mêmes.
En face des résultats obtenus, il est difficile de nier que les colons ont fait un bel usage du pouvoir qui leur était confié.

Les Personnalités marquantes

Le gouvernement français a toujours été représenté par des Gouverneurs généraux. Il n'est pas à l'échelle du présent travail d'en donner la liste complète, qui serait longue, ni de s'essayer à dégager la part de chacun. Beaucoup ont été des hommes éminents, des personnalités attachantes: Bugeaud, Mac-Mahon, Chanzy, Cambon... pour ne citer que les plus anciens.

Il serait injuste de ne pas citer le nom de M. Jonnart. Entre 1900 et 1920 environ, ses trois proconsulats mis bout à bout ne doivent pas faire loin d'une quinzaine d'années, ce qui est un record. Le début du XXème siècle fut le moment

 
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