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L'Administration détermine l'emplacement du village, elle en
construit le cadre (routes, fontaines, etc... ), elle en allotit les
terres et elle distribue les lots aux petits colons de son choix,
généralement importés d'Europe ou de France. Bien entendu, elle
se trompe généralement; la vie ne se laisse pas diriger dans le
détail par l'administration; la plupart des colons vendent leur lot
dès qu'ils le peuvent, et quittent 1e village; mais non pas
l'Algérie. L'administration se trouvé avoir manqué le but qu'elle
poursuivait, mais elle en a atteint un autre, ce qui est humain.
Voici la conclusion de Peyerhimhoff (Enquête sur les résultats de
la Colonisation officielle, Alger, 1906) :
« Il ne s'est créé à peu près aucun centre en dehors de
l'effort administratif, et aucun des centres créés n'a disparu ».
En Tunisie, pays de protectorat, la méthode inversé a été
appliquée, celle des grandes concessions, depuis une cinquantaine
d'années déjà (1881). C'est la contre-épreuve; elle est
décisive. La colonisation de la Tunisie a donné, au point de vue
peuplement, des résultats inquiétants. L'administration tunisienne
elle-même a dû s'en rendre compte.
Bien entendu, en dehors des efforts administratifs, on a senti la
répercussion de grands faits politiques et économiques généraux,
qui ont accéléré la venue des colons : en France les ateliers
nationaux, les journées de juin, l'émigration d'Alsaciens-lorrains
après l'annexion, le phylloxera, en Espagne la guerre de Cuba.
Mais dans l'ensemble, sur ce terrain très spécial du Maghreb, le
rôle éminent dans le peuplement a été joué par l'administration
algérienne avec sa méthode de villages de colonisation aussi
maladroitement et aveuglément que l'on voudra, mais sans
contestation possible.
Précisons maintenant en graphique et en chiffres l'importance de la
race nouvelle.
Et d'abord la courbe de l'évolution est intéressante.
Les recensements algériens permettent d'établir la courbe de la
colonisation européenne dé 1833 à 1927.
Cette courbe est perpétuellement et rapidement ascendante mais non
régulièrement. Entre 1833 et 1872 elle est zigzagante. Il y a une
ascension brusque à partir de 1841 (Bugeaud) ; ralentissement
sensible sous le second Empire de 1861 à 1872. A partir de 1872
ascension verticale et |
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