1911 et 1921, pendant les terribles années de la grande
guerre, 5.113.096 au recensement de 1926.
Entre 1856 et 1872, il y a eu en succession plusieurs années de
disettes, accompagnées comme d'habitude d'épidémies meurtrières.
C'est une explication, mais elle n'est pas satisfaisante à elle
toute seule. Sous le climat capricieux du Maghreb, les mauvaises
années sont une éventualité avec laquelle il faut toujours
compter. Il y a eu d'autres disettes depuis 1872.
Ce que la période 1856 à 1872 a de particulier, c'est que c'est la
période du second Empire. La politique algérienne du second Empire
a été celle du « Royaume Arabe », un peu ce que nous appelons
aujourd'hui le protectorat. On s'est efforcé d'isoler, comme sous
cloche, la société indigène, de la laisser évoluer toute seule
et on y a tenu la main avec la rigueur d'un gouvernement
autoritaire. Le résultat de cette mise sous cloche a été un
effondrement démographique. La colonisation européenne n'a pris
son essor qu'à partir de 1872 et la courbe de la population
indigène aussi. Cette courbe à elle toute seule fait l'éloge de
la colonisation avec plus d'éloquence qu'une longue dissertation.
Elle devrait être plus connue qu'elle n'est. Elle est péremptoire.
De 1872 à 1930 la population indigène a plus que doublé, c'est un
fait brutal, parfaitement indéniable. L'Influence
des Colons Pourtant, quand il s'agit d'un groupe humain, compter
les têtes n'est pas tout. Il faudrait pouvoir peser l'accroissement
ou la diminution de valeur individuelle. Une tâche délicate, en
cette matière il n'y a guère de dynamomètre sûr.
Une chose est certaine, c'est que les conditions générales
seraient tout à fait favorables à l'influence profonde du colon
sur l'indigène ; à tout le moins les conditions générales
matérielles; celles qui se laissent mesurer aisément.
Et d'abord la proportion numérique des colons et des indigènes.
Rappelons ces chiffres.
En Algérie 833.000 Européens en face de 5.1 13.000 indigènes :
c'est une proportion très forte, presque 1 sur 6.
En Tunisie, le dernier recensement accuse 173.000 Européens et
1.966.000 indigènes (environ 1/12.)
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