Il a reconnu au contact des réalités que la vocation agricole du
pays était ailleurs. Et en effet dans le domaine méditerranéen,
ce sont surtout les cultures arbustives qui sont chez elles.
Oliviers
L'olivier est chez lui, dans le Maghreb, autant que les
céréales.
Sous l'empire romain l'huile d'olive tenait dans l'économie
exactement la place prépondérante que tient le vin
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dans le Maghreb français. L'Afrique romaine était la grande exportatrice
d'huile dans le bassin méditerranéen. Elle était couverte d'olivettes d'un
bout à l'autre. Les ruines des pressoirs romains frappent aujourd'hui les
archéologues par leur nombre immense.
L'Islam a apporté la ruine aux olivettes, bien entendu.
Les historiens arabes en ont expressément conscience et ils mettent cette
ruine sur le compte des dévastations. La disparition du marché, conséquence
de l'effondrement de Rome, suffirait d'ailleurs à l'expliquer.
De nos jours la culture de l'olivier est bien loin d'avoir retrouvé une
situation prépondérante.
En Algérie, la production oscille autour de 300.000 hectolitres, et elle ne
suffit pas tout à fait à la consommation. L'Algérie importe de l'huile un
peu plus qu'elle n'en exporte.
Une bonne moitié de la production est indigène. Le colon ne s'est pas
occupé avec suite de l'olivier.
Évidemment parce qu'il n'y trouvait pas son intérêt. Le marché de l'huile
n'est plus ce qu'il était il y a deux millénaires. Qu'on songe aux
arachides, aux huileries de Marseille, au rôle joué par les oléagineux
tropicaux. Dans les habitudes européennes la cuisine au beurre et à ses «
ersatz » (margarine, végétaline) tient plus de place que la cuisine à
l'huile. Si la culture de l'olivier n'a pas pris essor, la raison principale
doit être celle-là : une raison économique et générale.
Le plus beau groupe d'olivettes, le plus compact, est le groupe kabyle. La
Kabylie est de tout le territoire algérien la province la plus fermée à la
pénétration des colons. Les oliviers Kabyles sont restés exactement ce
qu'ils étaient. Pas de taille, dit Trabut, pas de fumures, l'arbre n'est
même pas cultivé au pied. C'est l'éternelle histoire : les méthodes
européennes ne peuvent être introduites que par l'Européen en chair et en
os, mettant la main à la pâte. Pour entraîner l'indigène les conseils sont
inefficaces, il faut l'exemple et la concurrence.
Il paraît absurde que dans un pays comme le Maghreb, patrie antique de
l'olivier, la production d'huile arrive péniblement à équilibrer la
consommation. L'énorme succès de la vigne a certainement porté préjudice
à l'olivier.
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