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Primeurs

Le développement des communications maritimes a développé la culture des primeurs, dans les coins abrités et chauds, surtout au bord de la mer; la main-d'œuvre est généralement mahonnaise. L'essor date de 1890.
Ç'a été un épanouissement extraordinaire. Les primeurs « ont transformé en terrain valant 10.000 francs (or) l'hectare les rochers abrupts où soixante ans auparavant les survivants des premiers colons, terrassés par les fièvres, traqués par les panthères, ne conservaient d'autres ressources que de demander leur rapatriement aux frais de l'État ».

Agrumes

La facilité croissante des communications a eu la même répercussion sur la culture et l'exportation des agrumes, les citrons, oranges et mandarines. Ce sont des nouveaux venus au Maghreb; les oranges sont venues de Chine au moyen âge; la mandarine en Algérie ne date guère que de 1850.
L'Algérie en 1906 produisait environ 250.000 quintaux d'oranges et en exportait 53.000.

      

En 1916 elle exportait 35.000 quintaux d'oranges et 79.000 quintaux de mandarines.
En 1922, 77.000 quintaux d'oranges et 127.000 quintaux de mandarines.
C'est une exportation totale qui oscille entre 100 et 200.000 quintaux.

La Vigne

C'est surtout la vigne qui a tout envahi. Le Maghreb se prête admirablement à la culture de cette plante essentiellement méditerranéenne, la vigne.
Mais l'Islam ne s'y prête pas du tout.
En 1830, l'Algérie turque avait quelques ceps de vigne. Les raisins se consommaient comme fruits. Dans quelques familles juives, en cachette, pour la consommation familiale, on faisait avec le raisin quelques litres de boisson fermentée.
Cette situation s'est modifiée lentement.
Aux environs de 1870 il n'y avait encore en Algérie que 10 à 12.000 hectares de vigne.
C'est qu'il y avait un problème à résoudre. Si le climat du Maghreb convient admirablement à la vigne, il modifie toutes les règles, usuelles chez nous, de la fermentation. On a cru longtemps que la fabrication industrielle du vin était impossible sous le soleil Maugrebin. C'est lentement, par tâtonnements, par approximations successives, après d'immenses efforts, qu'on a établi les règles de la viticulture africaine.
A partir de 1870 elle prend un essor énorme. En 1889 la superficie du vignoble était de 91.000 hectares. Aujourd'hui (entre 1916 et 1923) elle oscille entre 170.000 et 180.000 hectares. La production annuelle oscille entre 6 millions et 10 millions d'hectolitres.
Ç'a été une magnifique création et une création douloureuse, pleine de péripéties.
1880 a été une grande date parce que les ravages du phylloxera en France ont provoqué l'exode en Algérie de viticulteurs ruinés; en même temps qu'ils ouvraient un large marché et qu'ils amenaient la hausse sur le prix du vin.
Plus fard le phylloxera a passé la Méditerranée; il est vrai que pour lutter contre lui le viticulteur algérien a pu utiliser l'expérience du viticulteur français.
Puis est venue, à la fin du siècle, après la reconstitution du vignoble métropolitain, la crise de la mévente provoquée

 
Fig. 11 - BLIDA Les masses sombres autour de la petite ville sont  des orangers et des mandariniers.
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