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   qui ont mis violemment en mouvement l'imagination, les convoitises et les activités. C'est la culture du dattier et celle du coton.

L'exemple du dattier montre ce que devient une antique culture indigène d'arbre fruitier quand la colonisation euro­péenne s'en mêle. Les oasis dactylifères intéressantes sont dans la cuvette des grands chotts, entre Biskra et Gabès. En Algérie, c'est l'Oued-R'ir ; en Tunisie, le Djerid.
Mais le Djerid est resté stationnaire parce qu'il est entre les mains des indigènes seuls.
C'est de l'Oued R'ir qu'il s'agit.
      

On y cultive la datte d'exportation, la « deglat-nour », celle qu'on voit sur nos tables.

Cette culture est tout entière entre les mains des Européens. Les indigènes cultivent d'autres espèces de dattes, pour leur nourriture. Ils n'aiment pas la deglat-nour, qui ne convient ni à leur palais, ni à leurs commodités. Pour nous, la datte est un dessert ; pour eux, c'est le pain quotidien.

Dans l'Oued R'ir, par exemple, les 2/3 des palmiers donnent des dattes indigènes, 1/3 donne des deglat-nour. L'intervention des Européens remonte au milieu du XIXème siècle. A ce moment, l'introduction de l'outillage et de la technique européenne a ravivé les puits artésiens, qui se mouraient. Foureau, avant d'être explorateur, était colon propriétaire de palmeraies dans l'Oued R'ir.
La culture de la deglat-nour a donné, surtout depuis la guerre, des résultats extraordinaires, aux proportions, bien entendu, d'un district dactylifère qui n'est pas de grandes dimensions.

En 1921, 1922, 1923, l'Oued R'ir, avec ses annexes (le Souf, les Zibans), a exporté en moyenne 100.000 quintaux, valant 20 à 25 millions de francs.
Le Djérid tunisien, en 1925, a exporté 32.000 quintaux seulement.
Ces chiffres ne donnent pas une idée complète de la situation. Un palmier de l'Oued-R'ir se vend aujourd'hui 1.000 francs et rapporte de 3 à 500 francs par an. Les forages, toujours plus profonds, mettent à la disposition du colon une quantité d'eau qui, dans l'ensemble, n'a cessé de s'accroître. Les convoitises s'exaltent, les têtes partent, il y a une fermentation de l'esprit public.
Les oasis de l'Oued-R'ir ne sont pas naturellement, par une nécessité géographique, les plus (belles du Sahara. Ce qu'elles ont de particulier, parmi toutes les autres, c'est simplement d'être les seules où l'influence du colon agricole européen se soit fait sentir.

Le Coton

Le coton mérite une mention toute spéciale. Pratiquement, le Maghreb n'a pas de textiles (autres que la laine).
Au Maroc, le lin est cultivé, mais surtout pour la graine qui fournit à l'exportation un appoint intéressant.

 
Fig. 14 - DATTIERS SAHARIENS
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