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   mesure ils supporteront, en Algérie même, la concurrence d'autres cultures, celle de la vigne surtout. En Amérique, en Égypte, le cultivateur ne peut pas faire autre chose que du coton, il n'a pas le choix. En Algérie, il est sollicité par d'autres cultures riches, d'un rendement peut-être plus grand.

Des facteurs travaillent pour le coton. Le besoin senti plus vivement tous les jours de produire, du côté français de la douane, le coton nécessaire à nos manufactures. En Algérie, le danger confusément pressenti de la mono­culture.

S'il y a une culture susceptible de concurrencer au Maghreb la prépondérance de la vigne, c'est peut-être le coton.

Élevage

Il est évident que toutes ces richesses agricoles ont été une création pure, une création ex nihilo. Et le lien est indéniable entre ces créations et l'action personnelle du colon.

La médiocrité de l'élevage algérien donne la contre­épreuve.

En élevage l'Algérie n'a pas remporté de succès compa­rables à ses succès agricoles, sauf bien entendu en ce qui concerne le porc que l'Islam proscrit, et qui, entre les mains des Européens, a donné des résultats intéressants

Bovins

En Algérie, sur un total moyen d'un million de bœufs, les colons européens en ont seulement 150.000. La faiblesse de cette proportion est caractéristique.

On a pourtant introduit des représentants de races étran­gères, bovins d'Europe, zébus de Madagascar, zébus brahmines de Ceylan (à Bône et en Tunisie). On a obtenu des résultats.

Mais les vieilles races indigènes restent prédominantes. Une race algérienne de Guelma, très petite, pesant environ 250 kilos, de robe sombre, et une race marocaine, plus lourde, allant facilement à 400 kilos, plus élancée, de robe plus claire.

Les bovins du Maghreb ont des caractéristiques com­munes, plus accentuées dans la race de Guelma. Petite taille, et résistance extraordinaire. Leur organisme s'est

      

adapté à travers les siècles au pays et aux hommes. Ils ont appris à se débrouiller tout seuls avec un minimum de pâtu­rages naturels, et un minimum d'assistance humaine.
Le développement du machinisme agricole a détourné des bovins les préoccupations immédiates des colons. Dans les grandes villes comme Alger, la bonne viandé de boucherie (veau, bœuf) s'importe encore de France. L'insuffisance de la production laitière des vaches entraîne dans le voisi­nage des grands centres la multiplication des chèvres.

Cheval

Le « bourricot », le tout petit âne du Maghreb, extraordi­nairement dur, joue un rôle énorme dans la vie indigène. Outre 260 à 280.000 ânes, en Algérie les montagnards ont beaucoup de mulets. Dans les grandes villes indigènes du Maroc la mule caparaçonnée est la monture des grands personnages, l'équivalent d'un équipage. L'Algérie a entre 100 et 150.000 mulets. Mais dans ce pays de nomades qu'est le Maghreb, c'est l'élevage du cheval qui est impor­tant par-dessus tout.
La cavalerie Numide a Joué un grand rôle dans l'anti­quité. Le cheval Numide s'est couvert de gloire sur les hip­podromes de l'empire Romain. Une longue adaptation au pays a développé une race très bien fixée, la fameuse race Barbe. Bêtes relativement petites, moins robustes que les nôtres, et même moins vites sur les courtes distances, mais extrêmement résistantes et sobres.
C'est un admirable cheval de cavalerie. Aussi la remonte de l'armée française, dans ses haras, s'en est beaucoup occupée pour essayer de lui donner les qualités qui lui manquent. Il est difficile de dire si les résultats ont répondu aux efforts officiels.
En Algérie les chiffres oscillent entre 200 et 240.000.

Chameaux

Le chameau (ou plutôt le dromadaire à une bosse) est un personnage important.
Les conditions de l'élevage sont très particulières et l'Européen les ignore. Les convois administratifs ont souvent déterminé des hécatombes.
Dans ce pays très grand, prolongé par les immensités du Sahara, malgré les progrès de la traction mécanique, lé rôle économique du chameau reste immense.
L'indifférence et l'inaptitude de l'Européen menacent la race de disparition.

 
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