Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 3 L'ÉVOLUTION DE L'ALGÉRIE de 1830 à 1930 Pages suivantes
- 64 - Table des matières - 65 -
   
   dans la steppe, est toute entière entre les mains des seuls indigènes.

La production de la laine en Algérie ne dépasse guère en moyenne 100.000 quintaux, le vingtième à peine de la production australienne.

L'Algérie exporte du mouton de boucherie en quantités appréciables; le chiffre oscille autour d'un million de têtes.

La Tunisie en 1925 a exporté 7.500 quintaux de laine, 60.000 moutons sur pied.

Le Maroc entre 1915 et 1920 a exporté entre 20 et 2.5.000 quintaux de laine.

Ce sont des chiffres très au-dessous des possibilités et encore davantage des besoins de l'industrie française. L'administration en Algérie-Tunisie a fait des efforts pour améliorer la race et prévenir les crises de mortalité, mais cet effort a ses limites.

L'élevage sur les hauts plateaux, tant qu'il sera exclu­sivement dans les mains des indigènes, sera immuable. Voilà des hommes qui sont dépositaires de ce qu'il y a de plus ancien en matière de traditions. Ils gardent leurs bêtes avec les procédés de Jacob chez Laban.

On ne fait pas évoluer avec de bons conseils des hommes qui représentent la plus vieille civilisation du monde.
L'Algérie qui a près d'un million de colons cultivateurs n'a pas encore un seul « squatter », à l'Australienne.

L'épreuve et la contre-épreuve conduisent à la même conclusion. La baguette magique de transformation a été entre les mains de l'Européen.

On le constate une fois de plus à propos de pêcheries.

Pêcheries

La conquête française a donné un grand essor aux pêcheries marines. Rien n'existait auparavant. Le Maghreb n'a pas de pêcheurs indigènes, sauf deux petits groupes qui présentent un simple intérêt de curiosité (sud de la Tunisie, région d'Agadir au Maroc). Cette indifférence totale aux choses de la mer est curieuse dans un pays qui a un si énorme développement de côtes. Mais les ports naturels font défaut et la plate-forme sous-marine est d'étendue très restreinte.

      

Les corsaires Turcs, embusqués à Alger, étaient restés immuables à travers les siècles. En 1830 ils étaient tou­jours des Turcs, parlant et sentant en Turcs, des marins étrangers. Ils n'ont jamais pratiqué ni la pêche, ni le commerce; rien d'autre que la piraterie.

A part eux, en 1830, sur toute l'étendue immense des côtes algériennes, il n'y avait ni un pêcheur, ni un marin, ni un bateau indigène. C'est extraordinaire, mais c'est comme ça.
 

 
 
 
Fig. 19. - STORA, UN VILLAGE DE PÊCHEURS Ce village, à côté de Philippeville, est habité surtout par des pêcheurs Napolitains. A leur école, les indigènes commencent à se familiariser avec la mer, qu'ils ont ignorée de toute éternité.
 
 
La situation a été modifiée par la venue de pêcheurs espagnols et surtout napolitains dont beaucoup se sont fixés dans le pays. (En Algérie 10.000 inscrits maritimes en 1924 dont la moitié sont des naturalisés). Dans cette même année en Algérie 160.000 quintaux de poissons.

La Tunisie en 1925, outre 157.869 quintaux de poissons, a exporté du corail (440 kgs), et des éponges (9.000 kgs). La Tunisie au rebours de l'Algérie a une plate-forme con­tinentale, ce qui explique son avance.
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes