|
l'est encore bien davantage, il est double en chiffres ronds ;
4.300.000 tonnes. Il est évident que le phosphate a. été le grand
succès minier de l'Afrique du Nord. Seulement sur cette masse
énorme de phosphates l'Algérie n'exporte qu'environ un sixième,
environ 715.000 tonnes. Et la petite Tunisie près de quatre fois
plus, 2.700.000 tonnes. II y a plus, le Maroc, né d'hier, a déjà
dépassé l'Algérie, avec 886.000 tonnes.
Un coup d'œil sur le graphique ci-contre de la production
phosphatière permet d'embrasser l'ensemble du phénomène, qui
demande une explication.
C'est pourtant en Algérie que Philippe Thomas en 1885 a découvert
les premiers phosphates. La bande de calcaires phosphatiers qui
traverse toute l'Afrique du Nord des Syrtes à l'Atlantique s'étale
à travers toute l'Algérie, et elle n'y est pas moins riche
qu'ailleurs.
L'infériorité de l'Algérie a des causes artificielles, tout
humaines. Essayer de les analyser, c'est évoquer l'homme aux prises
avec la vie, la création tâtonnante, douloureuse, fortuite.
A la base, il y a une question de législation. L'Algérie, pour le
législateur, c'est la France; entendons qu'elle est traitée comme
si elle l'était; la seule chose que les deux pays aient de commun,
ce sont justement les lois et les règlements. La législation
minière en Algérie, c'est celle de 1810, qui fut excellente sous
Napoléon Ier.
Or en matière minière plus qu'en aucune autre, abstraction faite
de leur législation commune, la France et l'Algérie sont
prodigieusement différentes.
Dans nos vieux pays, en France par exemple, il y a 70 habitants au
kilomètre carré, anciennement civilisés, sachant tous
grossièrement ce que c'est qu'une mine et un métal, lisant tous le
journal. Il n'y a pas une motte de terre qui ne soit connue, le
moindre affleurement est signalé depuis longtemps, il a son
histoire locale, les imaginations se sont excitées sur lui à
maintes reprises successives à travers les siècles, autour de lui
des rêves se sont échafaudés, des illusions se sont écroulées,
il a causé des ruines, des procès. Et puis tous ces gens-là sont
individuellement propriétaires. Il faut avoir vécu en pays barbare
pour sentir combien la propriété individuelle est un produit de la
civilisation.
Mais en Algérie les conditions sont tout autres. Le pays est
presque vide ou vaguement peuplé. Les habitants sont |
|
|
|
|
|