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et moins sanglante, vous remplirez les vœux d'un souverain aussi
avare du sang de ses sujets que jaloux de l'honneur de la France.
"
La convention qu'il conclut au moment de la capitulation d'Alger, ne
dénote pas moins de modération et de bonté à l'égard des
vaincus, dans toutes ses clauses. La principale disait : "
L'exercice de la religion mahométane restera libre; la liberté des
habitants de toutes classes, leur religion, leurs propriétés, leur
commerce, leur industrie, ne recevront aucune atteinte; leurs femmes
seront respectées. Le général en chef en prend l'engagement sur
l'honneur (1). "
Si Bourmont n'eut pas d'autre politique à l'égard des Turcs que
l'expulsion, et s'il commit des fautes dans l'administration des
Indigènes algériens, c'est que, autant l'expédition était bien
préparée au point de vue militaire, autant elle l'était peu au
point de vue de ses conséquences.
On connaissait les Turcs et les Juifs d'une manière bien
imparfaite. On ignorait à peu près complètement les différences
si importantes entre les tribus de l'Afrique du Nord d'une part, les
tribus arabes, peu nombreuses, issues des envahisseurs musulmans
venus d'Orient, et les tribus berbères arabisées; d'autre part,
les tribus berbères constituant le fonds de la population,
descendant des agglomérations locales, ayant une langue et une
organisation à elles, et encore mal islamisées
On n'avait pas assez réfléchi aux moyens d'administration à
employer vis â vis de cette masse disparate de tribus, qui
constituait la Régence d'Alger, si on la découronnait soudainement
des Turcs qui la commandaient.
Bourmont n'eut pas le temps d'expérimenter une solution, puisque la
Révolution de 1830 vint lui enlever son commandement, et qu'il
apprit, dès le 20 août, son remplacement par le général Clauzel.
Il eût, peut-être, pratiqué une sage politique vis-à-vis des
Indigènes, comme le prouvent les dernières instructions qu'il
donna, car il comprenait la nécessité d'une administration
adaptée aux mœurs, aux habitudes et à la religion de populations
très différentes des populations européennes.
La dignité de maréchal a récompensé à juste titre Bourmont de
sa conquête. La France lui conserve de la gratitude pour cette
glorieuse et fructueuse expédition, dans
(1) Voir L'expédition d'Alger, par le général Paul Azan,
librairie Plon. Paris, 1930, pour les détails de cette expédition. |
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laquelle il eut la douleur de voir mourir de sa blessure un de
ses quatre fils, qui combattaient sous ses ordres; mais elle ne peut
pas le classer au rang des soldats illustres, parce que tout
Français sent bien qu'un général ne doit pas, en présence de
l'ennemi, même pour des raisons politiques, abandonner le drapeau
qu'il a accepté de servir et les hommes qu'il a l'honneur de
commander.
Le commandant Boutin
C'est à un modeste officier supérieur, qui eut le mérite de faire sous le
Premier Empire la reconnaissance d'Alger, qu'ira plutôt l'hommage de la
nation. Le chef de bataillon Boutin, envoyé en mission par Napoléon qui
pensait alors à une expédition, était resté à Alger du 24 mai au 17
juillet 1808; il avait non seulement dressé le plan de la ville, de ses
fortifications et des environs; mais il avait conçu le programme de
l'expédition tel qu'il fut réalisé, avec Sidi Ferruch comme point de
débarquement pour l'armée et le Fort l'Empereur, dominant toutes les
fortifications d'Alger, comme objectif à enlever.
Tous ceux qui eurent connaissance de ce rapport, en particulier le marquis de
Clermont-Tonnerre, ministre de la Guerre de 1827, se rallièrent à ses
conclusions et les reproduisirent dans leurs projets. Il ne faut donc pas
oublier le serviteur dévoué dont le nom est resté trop peu connu, parce que
même ceux qui utilisaient ses travaux ne le citaient pas.
Boutin est le type de ces héros modestes qui, sans ostentation et sans bruit,
exécutent les travaux qui décident du succès et qui valent à d'autres
gloire et honneurs. C'est d'après ses renseignements et suivant sa conception
qu'a été réalisée la prise d'Alger. Il a bien le droit, à ce titre, de
figurer dans le livre d'or de l'Algérie.
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