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de la division d'Oran, constituée à Mostaganem, mais aussi 1e
commandement supérieur de la zone maritime de la province. De
Mostaganem, il étendit son rayon d'action de manière à recouper
celui de La Moricière qui était à Mascara, et réussit en janvier
1842 à porter 100.000 rations à son camarade.
Lorsque Bugeaud eut réoccupé Tlemcen en février 1842. il y fit
venir Bedeau, en raison de l'importance de cette place. Abd el Kader
s'était en effet établi dans le voisinage, soulevant les tribus de
la région. A la tête d'une colonne dans laquelle figuraient le
général Mustapha ben Ismaël et ses Douairs, Bedeau se porta
successivement dans diverses directions, châtiant les tribus qui
avaient accueilli Abd el Kader, poursuivant l'Émir lui-même, et
infligeant des pertes à ses contingents. Comme la zone de Nedroma
restait particulièrement troublée, il parvint à en organiser la
défense avec l'aide de fractions indigènes ralliées, Abd el Kader
lassé se retira alors dans le Sud.
Bedeau profita de la tranquillité qui suivit ce départ pour
organiser la région, et pour régler, par une entrevue avec le
caïd marocain d'Oudjda, les petits incidents de la frontière. Il
conquit rapidement auprès des Indigènes une véritable
popularité. L'un des grands chefs de la région écrivait à
Bugeaud : « Dans tout le pays de France et dans tout notre pays,
personne ne peut être comparé au général Bedeau. Cet homme
excelle par sa raison„ sa sagesse et sa sagacité dans toutes les
circonstances; il sait se rendre agréable à tout le monde. Tout le
monde est attiré vers lui et tous sont revenus a lui à cause de
son amitié sincère et de sa générosité sans égale. Voilà un
homme qui travaille dans vos intérêts et dans les nôtres. »
Bugeaud, qui constatait les excellents résultats obtenus, demanda
pour lui la cravate de commandeur, en écrivant au Ministre : «
Vous savez les services qu'il a rendus dans la province d'Oran, les
beaux combats qu'il a livrés, la sagesse et la résolution qu'il a
montrées en toute occasion. Je le regarde comme l'une des grandes
espérances de l'armée. On trouve peu de têtes aussi bien
organisées ».
Pour mener à bonne fin son oeuvre de pacification, Bedeau
parcourait avec une colonne toutes les parties de sa
circonscription. déjouant les manœuvres hostiles, châtiant
énergiquement les coupables, accueillant avec bienveillance les
incertains. Il montra le même esprit de conciliation avec les
Marocains. Sa colonne ayant été attaquée en mars 1843, par les
gens du caïd d'Oudjda accompagnés de |
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partisans d'Abd el Kader, il riposta, mais sans poursuivre ses
agresseurs; il se borna à écrire au caïd d'Oudjda, à qui il fit
reconnaître, au cours d'une entrevue, les torts de ses
administrés. Il fut cependant obligé d'user de rigueur contre
quelques tribus qui refusaient de reconnaître son autorité.
En 1844, Abd el Kader s'étant établi près de la frontière
marocaine, Bedeau dut créer au sud de Tlemcen le poste de Sebdou,
La Moricière, qui commandait à Oran, obtint de Bugeaud la
création de Lalla-Maghrnia à l'ouest, et s'y porta : les travaux
d'installation du poste commencèrent dès les premiers jours de
mai. Aussitôt les Marocains s'émurent ; la Guerre Sainte fut
prêchée ; le chef marocain El Guenaoui ayant mis les Français en
demeure d'évacuer Lalla Maghrnia, La Moricière répondit par un
refus. Les Marocains attaquèrent le 30 mai le camp français à
Sidi Aziz, et furent vigoureusement repoussés. Bugeaud, accouru le
12 juin avec des renforts, proposa à El Guenaoui une entrevue avec
Bedeau.
Pendant que Bedeau et El Guenaoui, respectivement suivis à quelque
distance en arrière des troupes d'appui, discutaient entre eux, les
Marocains ne purent s'empêcher de « faire parler la poudre », et
tirèrent sur les troupes françaises, celles-ci faisant preuve
d'une extrême modération, ne ripostèrent pas, évitant une
issue tragique à l'entrevue. Bedeau conserva une ferme contenance,
en face d'El Guenaoui qui prétendait imposer la Tafna comme
frontière d'Algérie; Guenaoui se sépara de lui en lui disant :
« C'est la guerre ». En effet, dès que Bedeau eût rejoint La
Moricière et qu'ils eurent repris la direction de leur camp, ils
furent attaqués par des cavaliers indigènes.
Bugeaud, arrivé bientôt avec des renforts, infligea aux
assaillants une sanglante punition. Mais, n'ayant pas pu obtenir de
réponse satisfaisante de Guenaoui, il entra à Oudjda le 19 juin.
Cette leçon n'ayant pas porté ses fruits, il dut livrer la
bataille de l'Isly, pendant laquelle Bedeau commanda les six
bataillons de la colonne le droite, prenant une belle part à la
victoire.
Le commandement de la province de Constantine, que Bedeau reçut en
octobre 1844, quelques semaines après son grade de
lieutenant-général, lui permit de donner la mesure, dans une
région plus calme, de ses grandes qualités de colonisateur et
d'administrateur. Dès son arrivée à Constantine, il s'occupa des
travaux de routes, de l'état sanitaire des postes, de la
propreté de la ville, de la sécurité
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