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des tribus et des convois. Il chercha à améliorer les relations
avec les Indigènes, rédigeant un rapport spécial relatif à la
constitution et à la protection de la propriété indigène.
Il se trouvait en congé à Paris en octobre 1845, lorsque la
nouvelle du désastre de Sidi Brahim le fit rappeler; il prit le
commandement de la colonne de Médéa destinée à assurer le calme
dans la province d'Alger.
Revenu en 1846 dans la province de Constantine, il rédigea un
Projet de colonisation pour la province de Constantine, qui fut
édité avec celui qu'avait rédigé La Moricière pour la province
d'Oran. Ce projet contenait le détail précis des travaux à
exécuter : irrigation; canalisation; construction de routes;
assainissement; création de villages; avec devis des dépenses.
Bedeau voulait « une population européenne nombreuse, active,
industrielle », et, pour l'attirer, désirait avant tout établir
la sécurité. Il n'était nullement, pour cela, hostile aux
Indigènes et ne voulait pas leur imposer « une domination violente
» ; il désirait, au contraire, en respectant leurs usages, leurs mœurs,
leur religion, leur amour-propre, « modérer le froissement
primitif que la puissance étrangère apporte avec elle partout où
elle s'établit » ; il entendait leur procurer progressivement du
bien-être, et faire d'eux non des ennemis, mais des associés. «
je crois, concluait-il, à la possibilité de l'association des
intérêts européens et indigènes : le premier prospérant par la
supériorité de son industrie; le second bénéficiant par le prix
de revient économique de ses productions perfectionnées ».
Bugeaud ayant résigné ses fonctions de gouverneur général en
1847, Bedeau exerça pendant quelque temps l'intérim jusqu'à
l'arrivée du duc d'Aumale ; puis, après avoir repris en octobre le
commandement de la province de Constantine, il obtint un congé pour
la France à la fin de novembre. Il se trouvait à Paris lorsque la
Révolution de février 1848 éclata. Il devint dès lors, comme
plusieurs de ses camarades, un homme politique. Exilé en 1852 par
Louis-Napoléon, il ne revint en France qu'en 1859 et mourut en
1863.
Tous ceux qui ont approché et connu Bedeau ont éprouvé ur lui une
profonde estime et une réelle sympathie. lave, énergique,
bienveillant, méthodique, modeste, il a accompli son devoir sans
chercher à faire valoir sa personne, et surtout, ce qui a été
rare chez ses contemporains, sans chercher à nuire aux autres ni à
diminuer leurs mérites. |
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CHAPITRE VII
LE MARÉCHAL RANDON
Le maréchal Randon a certaines analogies avec Bugeaud, non au point de vue du
caractère, mais au point de vue des idées et des actes; il est cependant
beaucoup moins connu, parce qu'il n'a pas eu à triompher en Algérie
d'adversaires aussi brillants que l'émir Abd el Kader, et qu'il n'a pas été
attaqué en France de manière aussi violente que son prédécesseur.
Ce jeune engagé de 1812, nommé sous-lieutenant à Moscou et promu capitaine
en novembre 1813 avant d'avoir 19 ans, avait su travailler et acquérir de
nouvelles connaissances, de 1815 à 1830, tandis qu'il restait capitaine.
Devenu en 1838 colonel du 2e chasseurs d'Afrique à Oran, il s'était
appliqué non seulement à développer la glorieuse réputation de son
régiment au cours des diverses expéditions, mais aussi à réaliser avec
ses chasseurs la colonisation militaire préconisée par Bugeaud.
Randon fut un de ces nombreux officiers qui travaillèrent silencieusement à
faire de l'Algérie un pays prospère. Son « compte-rendu des travaux de
culture entrepris par le 2e chasseurs d'Afrique de l'année 1839 à
1840 », et le mémoire relatif aux moyens de fonder des colonies
régimentaires, qui y était joint, lui méritèrent les félicitations du
ministre de la Guerre, le maréchal Soult.
Les travaux agricoles qu'il entreprit dans les environs d'Oran prêtèrent
appui et encouragement aux colons encore rares, tout en procurant aux
chasseurs distraction et bien-être. Randon savait à la fois surveiller et
encourager ses hommes et il les associait aux résultats. Combien d'Oranais se
doutent, parmi ceux dont les domaines s'étendent dans la banlieue de la
grande ville, que Randon et ses chasseurs d'Afrique ont été leurs
précurseurs ?
A Bône, où il fut nommé maréchal-de-camp en septembre 1841,
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