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   Randon continua l'application des mêmes principes : pacification par des colonnes, colonisation par des travaux. Partout où il imposait la paix, il se faisait suivre de routes qui, construites à peu de frais par les soldats, assuraient à la fois le ravitaillement des troupes et l'exploitation forestière ou minière.

Les colons qui commençaient à s'établir dans la région faisaient de lui son éloge, tel celui qui écrivait dans la Phalange du 30 octobre 1842: « L'entrain était général, le chef avait communiqué son ardeur à tous ses hommes. Plusieurs ateliers furent formés, et, la rivalité aidant, les travaux les plus gigantesques ne parurent plus qu'un jeu à nos soldats excités par les liens affectueux qui les unissaient à leurs officiers et à leur digne général. Vous ne sauriez vous faire une idée des heureux effets de cet accord du soldat avec tous ses chefs; c'était vraiment merveilleux. L'élan était donné; le ton était au travail, à l'ardeur et aux rapports affectueux. L'impulsion venait du sommet de la hiérarchie; chacun était à son poste, rivalisant de zèle et d'ardeur; la pioche et la barre à mine résonnaient de tous côtés. » Cette description de l'état d'esprit des corps d'Afrique est d'autant plus intéressante qu'elle est donnée par un colon, et qu'elle représente les traditions qui se sont perpétuées depuis.

Lorsque Randon quitta Bône, à la suite de sa promotion au grade de lieutenant-général en avril 1847, il fut unanimement regretté; mais l'expérience de l'Afrique du Nord qu'il avait acquise par son long séjour allait lui être très utile dans de plus hautes fonctions. Il fut d'abord, après la Révolution de 1848, directeur des affaires de l'Algérie au ministère de la Guerre; puis, après avoir commandé la division de Metz, il accepta le ministère de la Guerre en janvier 1851 ; tout en organisant l'armée de Paris, il fit exécuter en mai une expédition en Petite Kabylie, sous la direction du général de Saint-Arnaud, pour montrer aux Indigènes que la chute de Louis-Philippe n'avait rien changé aux intentions de la France, et pour maintenir « des troupes rompues aux fatigues et familiarisées avec le danger », en cas de guerre européenne.

Remplacé comme ministre le 26 octobre par le général de Saint-Arnaud, en prévision du coup d'État du 2 décembre, Randon fut nommé le 14 décembre 1851 gou­verneur général de l'Algérie. Sa première préoccupation fut de constituer une armée d'Afrique capable de lutter à la fois contre les ennemis européens de la France et
       LE COLONEL RANDON  
LE COLONEL RANDON - Lithographie d'Auguste Bry, d'après B. Roubaud (Bibliothèque du Musée de l'Armée)
Le colonel RANDON Commandant le 2e chasseurs d'Afrique
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