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   de Kabylie, qui lui tenait tant à cœur, et le décret du 8 avril 1857, qui approuvait la concession de voies ferrées dans les trois provinces. Il fut, à son retour, reçu au débarcadère par lés autorités civiles et militaires et félicité par le Maire entouré de son conseil municipal. Les quais, la rue de la Marine la place du Gouvernement étaient pavoisés et fleuris. Un arc de triomphe, élevé au milieu de la rue de la Marine, portait l'inscription :
Au maréchal Randon
La population algérienne reconnaissante
Décret impérial du 8 avril 1857.

Plus loin, sur un massif d'arbustes et d'instruments aratoires, était cette autre inscription

Au maréchal Randon
Agriculture, Industrie, Commerce

Entre les deux édifices, une double haie de colons portaient des bannières sur lesquelles figuraient les noms des localités qu'ils représentaient.

Ces détails, rapprochés du discours du khalifa des Tidjanyia, montrent comment les colons et les Indigènes savaient apprécier ce que l'armée d'Afrique et son chef faisaient pour eux.
Grâce à l'expérience acquise par les précédentes campagnes, l'expédition de Kabylie devait être courte et peu sanglante. Le maréchal Vaillant avait déjà écrit, en décembre 1856 : « Ce qu'on aura pris ou enlevé devra être définitivement acquis; tout pas fait en avant sera une menace de plus pour l'ennemi, une possibilité de l'atteindre plus sûrement, plus efficacement. Il n'y aura point de pas en arrière. Le temps, la patience les routes, les points fortifiés, voilà nos moyens de dompter ces fiers Kabyles. »

Sous la conduite de Randon, les trois divisions commandées par Renault, Yusuf et Mac-Mahon, enlevèrent les 24 et 25 mai les montagnes des Beni-Raten, qui firent leur soumission; puis la division Mac-Mahon enleva le 14 juin la position très forte d'Icheriden, dans un combat furieux dont l'issue produisit une grande impression sur les Kabyles qui se croyaient en lieu sûr : « L'ennemi, chantait un de leurs poètes, n'en est pas moins tombé sur

      

nos têtes, guidé par le maréchal, le père de la sagesse, dont la tête mûrit les projets. » Les divisions Yusuf et Renault soumirent, les jours suivants, les Beni-Yenni. Les dernières tribus ne luttèrent plus que pour être fidèles à leur serment de résistance; il fallait, pour que leur honneur fût sauf, que leurs villages fussent brûlés : « seulement, ne nous brûlez pas trop » déclaraient les représentants de l'une d'elles. Le 12 juillet 1857, toute la Kabylie était soumise.

Dès les derniers jouis de mai, le tracé du Fort Napoléon avait été exécuté sur un point culminant, à Souk el Arba ; en 18 jours, du 3 au 21 juin, cet emplacement avait été réuni par une route de 6 mètres à Tizi-Ouzou, à la stupéfaction des Indigènes.

Cette campagne avait été un modèle au point de vue de l'exécution tactique comme au point de vue des mesures d'administration adoptées vis à vis des Kabyles; suivant la pittoresque expression du maréchal Bosquet, elle « terminait la guerre d'Afrique comme on finit une fête, par un bouquet superbe et brillant. »

L'habile ténacité avec laquelle Randon avait conduit la pacification à bonne fin ne l'avait pas empêché de cher­cher en même temps à faire de l'Algérie un pays riche et prospère. Il créa ou améliora un grand nombre de routes; il fit exécuter des travaux considérables d'ans les ports; il établit dés lignes télégraphiques et obtint la construction des chemins de fer; il étudia le problème de l'eau et fit forer de nombreux puits artésiens; il, se préoccupa des bâtiments civils et assura la conservation des monuments anciens; il organisa la protection l'entretien et l'exploitation des forêts de chênes-lièges; il constitua des caravanes transsahariennes destinées à établir des relations périodiques avec le Soudan ; il favorisa les congrégations ensei­gnantes d'hommes et de femmes afin d'accroître le nombre des écoles pour les enfants des colons; il poussa, quoique protestant, à la construction d'églises catholiques pour donner une aide morale aux colons de cette religion; il créa des écoles supérieures musulmanes ou médersas et des collèges arabes-français. Il obtint enfin un accroisse­ment constant du mouvement commercial qui est plus éloquent que tout éloge.

Les grands militaires de l'armée d'Afrique ont parfois été représentés comme des faiseurs d'expéditions, peu capables de bonne administration. Ceux qui ont gouverné le pays ont fourni la preuve du contraire. Parmi eux, le

 
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