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ministre de la police impériale, qui lui succéda, employa avec les
Indigènes une dureté maladroite qui, au lieu de développer
l'influence française, la fit reculer; il comprit du moins
l'importance des routes et en fit exécuter; il avait acquis dans la
guerre d'Espagne une expérience qui eût pu lui être utile, mais
il dut rentrer en France pour maladie.
1.e lieutenant-général Voirol exerça le commandement par intérim
d'avril 1833 à septembre 1834, et montra plus d'équité envers les
populations; il put imposer un caïd aux Hadjoutes, qui troublaient
la banlieue d'Alger, et faire occuper Bougie par Trézel. Mais, dans
la province d'Oran, le général Desmichels, abusé par Abd el Kader
dont la puissance commençait à grandir, signa avec lui le traité
du 26 février 1834, qui mettait en quelque sorte le "
Commandeur des Croyants " sur un pied d'égalité avec le Roi
des Français! Voirol repoussa du moins avec une courtoise fermeté
les avances du jeune marabout, grisé par ce succès.
Cependant la Commission d'enquête, envoyée en Algérie en 1833,
ayant conclu au maintien de l'occupation, l'ordonnance du 22 juillet
1834 institua un gouverneur général des possessions françaises de
l'Afrique du Nord. Le général Drouët d'Erlon, qui vint prendre le
poste en septembre, était trop vieux pour exercer ces fonctions
après avoir montré quelque fermeté vis-à-vis de l'émir Abd el
Kader, il évolua si bien sous diverses influences. qu'il finit par
le traiter avec des égards prudents. Le général Trézel, qui
avait remplacé Desmichels à Oran, s'étant fait battre à la Macta
par Abd el Kader, fut disgracié. Quant à d'Erlon, qui restait
humble et inactif vis-à-vis de l'Émir victorieux, tergiversant et
hésitant dans l'espoir d'arrangements avec lui, il fut remplacé
par le maréchal Clauzel.
Le Gouvernement français n'avait pas l'intention, en nommant
Clauzel gouverneur, d'ouvrir une ère de luttes il lui avait même
formellement prescrit de ne pas entreprendre, contre les tribus,
d'expéditions comme il y en avait eu quelques-unes, sans motifs et
sans résultats. Mais l'opinion publique française entendait que
l'affront de La Macta fût vengé, et amena le Gouvernement à
décider une expédition contre' Mascara, capitale d'Abd el Kader.
Clauzel, arrivé à Alger le 10 août 1835, en pleine épidémie de
choléra, crut bon de retarder l'expédition et de faire venir des
renforts indispensables La colonne de 10.000 hommes sous ses ordres,
que le duc d'Orléans était venu rejoindre, quitta le camp du
Tlélat le 29 novembre; |
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elle comprenait dans son effectif 600 cavaliers indigènes, 300
fantassins turcs, quatre compagnies de zouaves de La Moricière, et
800 chameaux destinés à remplacer éventuellement les voitures
pour le transport des vivres et des blessés, éléments qui
constituaient une innovation. Clauzel entra le 6 décembre dans
Mascara, pillée et dévastée par les Indigènes; mais il la quitta
dès le 9 décembre, pour rentrer à Mostaganem et Oran, abandonnant
ainsi le bénéfice de l'expédition.
Comme Mustapha ben Ismaël, allié des Français, était assiégé
dans Tlemcen avec les Koulouglis par des partisans d'Abd el Kader,
Clauzel résolut d'aller les délivrer. Parti d'Oran le 8 janvier
1836 avec 7.500 hommes, il arriva devant Tlemcen en 5 jours et demi,
sans tirer un coup de fusil, Abd el Kader ayant refusé le combat.
Le 15 janvier, il envoya le général Perrégaux cerner le camp de
l'Émir; Abd el Kader, personnellement poursuivi dans une course
effrénée par le commandant Yusuf et des cavaliers indigènes dé
la colonne française, faillit être pris, et n'échappa que grâce
à la qualité de son cheval. Tlemcen ne fut pas abandonnée comme
Mascara; Clauzel y laissa avec les Koulouglis 500 hommes commandés
par le capitaine Cavaignac, et regagna Oran. Mais n'ayant pas de
fonds pour payer les frais de son occupation, il fut obligé de
lever, sur ses alliés de Tlemcen eux-mêmes, un impôt dont la
perception produisit le plus déplorable effet.
Des tournées de pacification effectuées par le général
Perrégaux dans la vallée du Chélif et par Clauzel à Médéa
restèrent sans résultats pratiques, parce qu'aucune garnison ne
fut laissée, fauté d'effectifs, dans les régions traversées. Le
malheureux bey pompeusement installé à Médéa fut pris par les
partisans d'Abd el Kader, envoyé au Maroc, où, après six mois de
tortures et d'exposition publique, il fut pendu comme ami des
Chrétiens.
Dans la province d'Oran, Clauzel n'avait pas réussi, lors de son
occupation de Tlemcen, à relier cette ville avec le petit îlot dé
Rachgoun, à l'embouchure de la Tafna, par où il espérait
ravitailler cette ville. Il chargea le général d'Arlanges,
commandant à Oran, d'atteindre Rachgoun par terre avec 3.500
hommes; d'Arlanges arriva au mois d'avril 1836 à l'embouchure de la
Tafna, mais y fut cerné. C'est alors que le ministre de la Guerre
envoya de France Bugeaud, avec trois régiments, débloquer le camp.
Bugeaud débarqua à la Tafna avec les renforts, rétablit les
communications avec Tlemcen et Oran et battit complètement
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