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   fondamentale, chacun doit être classé selon la part pour laquelle il contribue au bien général. "
Le Prince Royal invita le lendemain à un banquet sur la place Bab-et-Oued toute la division qu'il avait commandée pendant l'expédition, officiers, sous-officiers et soldats, soit 3.242 convives. Vers la fin du repas, montant sur une table, il porta un toast à l'armée qui résumait bien l'œuvre accomplie par elle :
" A cette armée, s'écria-t-il, qui a conquis à la France un vaste et bel empire, ouvert un champ illimité à la civilisation, dont elle est l'avant-garde ! A la colonisation, dont elle est la première garantie!
" A cette armée qui, maniant tour à tour la pioche et le fusil, combattant alternativement les Arabes et la fièvre, a su affronter avec une résignation stoïque la mort sans gloire de l'hôpital, et dont la brillante valeur conserve dans notre jeune armée les traditions de nos légions les plus célèbres!
" A cette armée, compagne d'élite de la grande armée française, qui, sur le seul champ de bataille réservé à nos armes, doit devenir la pépinière des chefs futurs de l'armée française, et qui s'enorgueillit justement de ceux qui ont déjà percé à travers ses rangs
" A cette armée qui, loin de la patrie, a le bonheur de ne connaître les discordes intestines de la France que pour les maudire, et qui, servant d'asile à ceux qui les fuient, ne leur donne à combattre, pour les intérêts généraux de la France, que contre la nature, les Arabes et le climat! "
Après le repas, le prince fit le tour des tables, parlant aux soldats avec sa simplicité et son affabilité coutumières, trouvant pour chaque unité ou même pour chaque homme le mot qui convenait. C'est par cette attitude familière, comme par son endurance et son courage, qu'il savait conquérir les cœurs.
L'expédition . des Portes de Fer ayant été l'occasion d'une reprise des hostilités par Abd el Kader, le duc d'Orléans vint de France en 1840 pour la troisième fois. participer à la tâche de l'armée d'Afrique. Dans l'expédition ayant pour but d'occuper Médéa et Miliana, il reçut le commandement d'une division : c'est lui qui enleva le 12 mai le col (tenia) de Mouzaïa avec trois colonnes que commandaient Duvivier, la Moricière et d'Houdetot.
Revenu en France, le prince s'occupait avec ardeur de l'organisation et de l'instruction de l'armée, lorsqu'il
      

mourut d'un accident de voiture le 13 juillet 1842, à Neuilly. Il fut unanimement regretté, et particulièrement dans l'armée; du moins son nom fut-il donné aux chasseurs à pied qui s'appelèrent, jusqu'à la Révolution de 1848,. les " chasseurs d'Orléans ", du nom de leur créateur, et qui s'illustrèrent en Afrique dans maints glorieux combats, tels que l'Isly et Sidi Brahim.

Le duc de Nemours et le prince de Joinville

Louis-Philippe ne voulait pas que le due de Nemours, le second de ses fils, fût plus ménagé que son aîné. Alors que le maréchal Clauzel préparait en 1836 la première expédition de Constantine, le ministre de la Guerre lui écrivait le 22 octobre : " L'intention de Sa Majesté est que Mgr le duc de Nemours assiste à l'expédition de Constantine, comme Mgr le prince royal a assisté à celle de Mascara. " Clauzel, en annonçant cette nouvelle aux troupes, dans son ordre du 2 novembre, ajoutait : " Chacun verra dans cette circonstance une preuve de plus le l'affection que le Roi porte à l'armée et, selon les expressions de Sa Majesté, du désir qu'éprouvent ses enfants de s'identifier partout à sa fortune et à sa gloire. "
Le duc de Nemours accompagna Clauzel dans cette pénible expédition; il endura stoïquement les souffrances causées par le froid, la pluie, la neige, le bivouac dans la boue, et s'avança au moment de l'attaque de la ville, jusqu'à la première ligne des tirailleurs, au mépris de tout danger. Pendant la pénible retraite, il témoigna sa bonté envers les soldats, abandonnant ses bagages pour donner un mulet de plus à l'ambulance. Il repartit dès le 10 décembre d'Alger pour la France.
Lorsque la deuxième expédition de Constantine fut décidée en 1837, trois fils du Roi briguèrent à la fois l'honneur d'en faire partie : le duc d'Orléans, le duc de Nemours, et le prince de Joinville. Mais le duc de Nemours, qui avait assisté à l'échec, sembla avoir un droit spécial à participer au succès espéré et fut nommé à la tête d'une brigade, celle dans laquelle servait le lieutenant-colonel de la Moricière.
Devant Constantine, où la colonne arriva le 6 octobre, il fut chargé du commandement du siège : le 12, lorsque le gouverneur général, le général de Damrémont, fut tué

 
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