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le prince à Constantine; son nouveau séjour dans ses rangs n'a pu
que resserrer les liens qui l'unissent à elle. Son souvenir vivra
dans les trois provinces, car il a fait la guerre avec les trois
grandes divisions de cette armée... L'armée vivra aussi dans son cœur;
il dira au Roi combien elle a mérité et peut mériter encore
l'estime de la patrie qui est le mobile de ses actions. "
Le duc d'Aumale
Le duc d'Aumale devait marcher glorieusement sur les traces de
ses frères en Algérie. C'est comme officier d'ordonnance du duc
d'Orléans qu'il y fit ses premières armes en 1840. Il n'avait
alors que 18 ans et comptait au 4e léger comme chef de bataillon.
Le 27 avril 1840, à l'Oued Djer, il reçut le baptême du feu en
chargeant bravement avec un escadron; le 12 mai, il prit part à
l'attaque du col de Mouzaïa.
Lorsque Bugeaud entreprit de soumettre Abd el Kader, le duc
d'Aumale, lieutenant-colonel au 240 de ligne, fut autorisé à faire
campagne sous ses ordres. Il écrivit le 25 février 1841 au nouveau
gouverneur : " Je vous prierai, mon général, de ne
m'épargner ni fatigues, ni quoi que ce soit. Je suis jeune et
robuste et, en vrai cadet de Gascogne, il faut que je gagne mes
éperons. Je ne vous demande qu'une chose, c'est de ne pas oublier
le régiment du duc d'Aumale, quand il y aura des coups à recevoir
et à donner. " Il reçut de Bugeaud cette réponse : "
Vous ne voulez pas être ménagé, mon prince, je n'en eus jamais la
pensée. Je vous ferai votre juste part de fatigues et dé dangers;
vous saurez faire vous-même votre part de gloire. " Le prince
se distingua, en effet, avec le 24e, aux expéditions auxquelles
prit part le régiment au printemps de 1841.
Fatigué par le climat, le duc d'Aumale fut chargé en juillet, avec
le grade de colonel, de ramener à Paris le 170 léger, et ne revint
en Algérie qu'à la fin de 1842, comme maréchal de camp. Ce jeune
général de 20 ans prit part à la tête d'une colonne à une
expédition conduite par Bugeaud dans l'Ouarensenis, puis reçut le
commandement de la province de Titteri, avec résidence à Médéa.
De là, il rayonna avec succès dans diverses directions.
En mai 1843, il entreprit à la tête de 1.300 zouaves et
fantassins,
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de 600 cavaliers, spahis, chasseurs et gendarmes, d'une section d'artillerie
et d'un convoi de 800 chevaux et mulets, son expédition contre la smala d'Abd
el Kader. Cette smala, gardée par des réguliers, comprenait une population
s'élevant à 60.000 âmes, ainsi que la famille et les trésors de l'Émir.
Le duc d'Aumale la surprit le 16 mai dans le Sahara, à Taguin; il avait, pour
la rejoindre, laissé son infanterie en arrière, et n'avait avec lui que ses
cavaliers ! Il n'avait pas été aperçu, et, comme sa colonne était divisée
en trois tronçons très éloignés l'un de l'autre, il n'avait qu'une chanté
de salut : charger! Il courut cette chance sans hésitation. Les chasseurs
d'Afrique du lieutenant-colonel Morris et les spahis du colonel Yusuf
s'élancèrent, et mirent le désarroi dans cette multitude. Le nombre des
prisonniers fut considérable et le butin fut immense.
Cette journée fut certainement la plus extraordinaire qui eut lieu au cours
des guerres d'Afrique; il fallait l'ardeur et l'insouciance d'un général de
21 ans pour la risquer et la gagner. Un des prisonniers indigènes disait
ensuite
" Quand nous pûmes reconnaître la faiblesse numérique du vainqueur, le
rouge de la honte couvrit nos visages; car si chaque homme de la Smala avait
voulu combattre, ne fût-ce qu'avec un bâton, les vainqueurs eussent été
les vaincus; mais les décrets de Dieu ont dû s'accomplir. "
Le duc d'Aumale alla passer quelques mois en France, et revint, à la fin de
novembre 1843, prendre comme lieutenant-général le commandement de la
province de Constantin-. Au banquet que lui offrit à son arrivée la
population d'Alger, il déclara : " Le Roi nous a envoyés ici, nous ses
fils, pour y payer à la Patrie notre dette de citoyens et de soldats, et pour
montrer que notre titre de princes était celui de premiers serviteurs de la
France. "
Installé à Constantine, il alla d'abord, en février 1844, occuper Biskra,
accompagné par son jeune frère le duc de Montpensier; il s'occupa ensuite
d'amener à la soumission quelques tribus récalcitrantes.
Cette pacification réalisée, il chercha à améliorer l'administration des
Indigènes. Il recevait avec bonté ceux qui avaient à lui présenter des
réclamations, essayant de faire en tout régner la justice. Il régularisa la
perception des impôts et empêcha les chefs locaux de pressurer leurs
administrés; il fit améliorer l'organisation des marchés, par lesquels il
tenait les nomades obligés de s'y approvisionner et il les fit surveiller
comme lieux de réunions politiques; il s'occupa de la constitution de la
propriété,
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