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autant pour protéger les Indigènes contre les spéculateurs
européens que pour fournir des terres aux colons; il fit de même
dans lés villes : c'est ainsi que, par son ordonnance du 9 juin
1844, il divisa Constantine en deux quartiers, l'un européen,
accessible à tous, l'autre indigène, dans lequel locations ou
transactions ne pouvaient être faites qu'entre Musulmans. La
réputation de sa bienveillante administration s'établit si bien
que des tribus tunisiennes lui demandèrent l'autorisation
d'émigrer sur son territoire; il ne put d'ailleurs la leur
accorder.
Les qualités qu'il déploya dans cette sage administration lui
valurent plus tard, de la part d'un député de l'opposition,
Ferdinand Barrot, cet éloge à la tribune de la Chambre: "
Dans la province de Constantine, on a entrepris le gouvernement dés
races indigènes comme une oeuvre de patience et de paix. Aussi,
dans cette province, la soumission est-elle plus intelligente et
peut-être plus certaine. Il faut le dire, car il est bon de rendre
justice à tout le monde, même aux princes. "
Lorsque Bugeaud, en désaccord avec la Chambre sur son système de
colonisation militaire, décida de résigner ses fonctions de
gouverneur général, il en informa le duc d'Aumale en critiquant
âprement le système des grands concessionnaires qui avait des
partisans : " On veut suivre en Afrique, lui écrivait-il le 23
avril 1847, des systèmes qui ne sont pas les miens : j'en fais ma
question de cabinet et je m'en vais... je ne veux pas immobiliser
successivement toute l'armée en la mettant en faction pour garder
infructueusement les barons en gants jaunes, mais sans casque, sans
cuirasse et sans lance, qui veulent se partager le sol de
l'Algérie. "
Bugeaud rentra en France le 5 juin 1847. A ce moment, Changarnier
commandait la province d'Alger, La Moricière la province d'Oran, et
Bedeau la province de Constantine; il eût été difficile de
choisir le plus méritant, et il était d'ailleurs préférable,
pour donner satisfaction à la Chambre et à l'opinion, de ne pas
désigner un militaire strictement professionnel. Le duc d'Aumale,
qui s'était montré aussi bon administrateur que brillant soldat,
fut nommé gouverneur général le 11 septembre 1847. Son premier
soin fut de demander modestement des conseils au maréchal Bugeaud,
qui se montra très touché de cette démarche et lui répondit le
12 octobre de Dordogne :
" J'étais bien sûr qu'en votre qualité de prince de la
dynastie régnante, vous sentiriez plus qu'un simple général la
nécessité de vous conformer aux institutions de votre |
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LE DUC D'AUMALE
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