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pour le parti français qui s'était formé à Tunis, ses ennemis
dévoilèrent cette intrigue, et il eût été assassiné s'il
n'avait été prévenu par la princesse; aidé par les fils du
consul de France, de Lesseps, il put fuir sur un bateau français.
Débarqué à Sidi Ferruch le 16 juin 1830, deux jours après le
gros de l'armée expéditionnaire, il fut attaché par Bourmont
comme interprète à son état-major. Nommé khalifa (adjoint) de
l'agha des Arabes, il vendit pour une trentaine de mille francs les
pierres précieuses des armes qu'il avait apportées de Tunis,
équipa avec cet argent quelques cavaliers indigènes et fit avec
eux des razzias fructueuses.
Dans l'expédition de Clauzel sur Médéa, Yusuf se conduisit
admirablement; il tua un chef turc qui l'avait blessé et lui prit
son cheval, et se fit remarquer dans tous les combats. Clauzel, qui
venait de créer un escadron de chasseurs algériens, y fit engager
Yusuf et l'y nomma, le 2 décembre 1830, capitaine indigène à
titre provisoire, grade qui fut confirmé quelques mois plus tard.
Dés lors, dans toutes les expéditions, Yusuf se montra si plein
d'audace, d'initiative et d'endurance, qu'il devint rapidement
légendaire dans l'armée d'Afrique. Lorsqu'il rentrait dans les
camps avec ses cavaliers, " ses enfants " comme il les
appelait, il était acclamé par les troupes françaises.
Sa réputation le fit désigner au début de 1832 pour aller
occuper, avec le capitaine d'Armandy, la Kasba de Bône ; il y
risqua sa vie dans des conditions qui lui valurent une véritable
célébrité, par son sang-froid et son énergie dans des
circonstances tragiques, au point que le maréchal Soult qualifia
cet exploit, dans un discours à la Chambre, de " plus beau
fait d'armes du siècle ". Chargé ensuite de petites
opérations autour de Bône, il y accomplit maintes prouesses qui
lui valurent quatre citations à l'ordre de l'armée, la croix
d'officier de la légion d'honneur et le grade de chef d'escadron du
3ème Chasseurs d'Afrique.
Lorsqu'en 1835 Clauzel fit l'expédition de Mascara, il appela Yusuf
à son état-major, et fut séduit aussitôt par ses qualités :
" Yusuf, écrivit-il au Ministre, est un homme des plus
intrépides et des plus intelligents que je connaisse. Il est venu
me joindre près de Mascara, après avoir traversé trente-cinq
lieues de pays au milieu des Arabes qui nous suivaient pour nous
combattre. "
Clauzel l'emmena avec lui à l'expédition de Tlemcen, et lui donna
une nouvelle occasion de s'illustrer le 15 janvier 1836, à
l'attaque du camp d'Abd El Kader. Yusuf, à |
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LE GÉNÉRAL YUSUF
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