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ordres 300 zouaves, 40 sapeurs et deux compagnies du 20 léger. Sa
colonne partit la première, gravit la brèche, y planta le drapeau
tricolore, et entra dans la ville; de toutes les maisons la
fusillade crépitait; La Moricière indiquait aux porteurs
d'échelles les bâtiments à enlever; on trouva une porte donnant
dans une rue; mais tout à coup deux explosions formidables se
produisirent, les sacs à poudre des. hommes et leurs cartouchières
s'enflammèrent, des murailles s'effondrèrent, des blessés
saignants et noircis se mirent à pousser des cris déchirants.
C'était une mine qui venait de sauter. La Moricière fut retrouvé
par ses zouaves sous les décombres, blessé d'un coup de feu,
brûlé aux mains et au visage, n'y voyant plus, et fut transporté
dans sa tente, Pendant ce temps, les deux autres colonnes
avancèrent, et, traversant le lieu du sinistre, assurèrent la
prise de la ville. La Moricière fut le héros de la journée; le
grand drapeau rouge pris non loin de la brèche fut apporté le soir
dans sa tente. Quelques jours plus tard, il fut nommé colonel, et
revint le 4 novembre à Bône.
La Moricière fut alors envoyé par Valée, avec 2.000 hommes,
commander le camp établi à Coléa, pour rassurer les habitants de
cette ville et établir la sécurité dans la grande banlieue
d'Alger. Après un long congé en France, de novembre 1838 à
juillet 1839, il constata avec joie que les relations avec les
Indigènes étaient meilleures : « On arrive enfin à comprendre
l'importance qu'il y a à ménager des gens qui, suivant notre
conduite, seront des auxiliaires ou des ennemis, mais qui ne peuvent
rester neutres dès qu'ils deviennent nos voisins. » Il eut
quelques difficultés à maintenir l'existence des zouaves,
menacée par le gouverneur lui-même qui ne les voyait pas d'un bon
oeil ; il y parvint, et put même se couvrir à leur tête d'une
nouvelle gloire à la Mouzaia.
Il fallait, pour aller d'Alger à Médéa, traverser le col de
Mouzaia. Le 12 mai 1840, Abd el Kader le défendait avec ses
meilleures troupes. Comme il n'était pas possible d'aborder ces
crêtes de front, une colonne dirigée par Duvivier ayant avec lui
Changarnier tourna par la gauche et enleva les premiers
retranchements; une deuxième dirigée par La Moricière exécuta
son mouvement par la droite, et fit sa jonction avec la première au
col. C'était encore, pour lui et pour ses zouaves, une belle
journée de gloire.
Sur ces entrefaites, il fut mandé à Paris, où Thiers voulait le
consulter sur un plan de conquête et d'occupation de l'Afrique. II
montra la nécessité d'abattre la puissance |
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LE GÉNÉRAL DE LA MORICIÈRE
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