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célèbre du 20 léger. Son régiment eut les quatre cinquièmes des
pertes de la journée, et presque toute la gloire.
Médéa ayant été occupée le 17 mai, puis Miliana le 8 juin, il
fallut ravitailler leurs garnisons. Changarnier joua, dans dans ces
opérations difficiles, le premier rôle. Dés le 21 juin, il était
nommé maréchal de camp, après dix mois de grade de colonel
seulement, sans que nul de ses camarades ne critiquât ce superbe
avancement. Il reçut le commandement de la subdivision de Blida. Ce
fut lui qui ravitailla Médéa le 28 août; lui encore qui surprit
le lieutenant d'Abd el Kader, Ben Salem, venu assiéger un petit
poste laissé dans une tour au camp supprimé de Kara-Mustapha ; lui
enfin qui ravitailla le 4 octobre Miliana, où 800 hommes sur 1.200
étaient morts de maladies et de privations.
Changarnier avait conquis l'admiration de toute l'armée d'Afrique,
depuis le maréchal Valée jusqu'au moindre troupier.
Son aide-de-camp, le capitaine de Mac-Mahon, écrivait en parlant de
lui : « Il réussit dans tout ce qu'il entreprend beaucoup mieux
qu'on ne s'y attendait... Plus (brave que qui que ce soit au monde,
il garde toujours son sang-froid. Il inspire aux troupes une
confiance immense. »
Le capitaine de Montagnac, le futur héros de SidiBrahim,
écrivait aussi, en octobre 1840 : « Les généraux sont à Alger
n'ayant pas d'emploi et n'en demandant pas. Il v a ici un général
qui est tous les généraux de l'Afrique. C'est Changarnier. Y
a-t-il une expédition à organiser? vite; on ramasse des fractions
de tous les corps, et l'on prend mon Changarnier. - Y a-t-il une
razzia à faire ? - Changarnier. - S'agit-il d'établir un
télégraphe dans les nuages ? - Encore Changarnier, toujours
Changarnier ! - Changarnier est donc le factotum, l'homme universel,
indispensable de toutes les affaires africaines. »
Changarnier avait d'ailleurs la modestie de reporter sur les troupes
qu'il formait à son image le mérite de sa réussite, et
s'exprimait à leur sujet, dans son rapport de fin d'année, dans
les termes suivants : « Intelligentes et disciplinées, avides de
périls et d'honneur, commandées par des hommes désintéressés de
tout, sauf de la Patrie et de la gloire, nos troupes ont atteint le
plus haut degré de perfection qu'une noble nation puisse souhaiter
à son armée. »
Le remplacement du maréchal Valée par le général Bugeaud, au
début de 1841, causa quelque peine à Changarnier, que Valée
traitait en ami, qu'il était arrivé à consulter |
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LE GÉNÉRAL CHANGARNIER
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