|
ne laissant aux autres qu'une action restreinte, de caractère
purement administratif, et à titre transitoire seulement. Frappés
à la tête par la rupture d'une hiérarchie qui faisait toute leur
force et discrédités au point d'être solennellement accusés par
le Ministre Crémieux, d'avoir poursuivi une « politique
antinationale », les Bureaux arabes étaient menacés de
disparaître.
La condamnation était trop sévère pour demeurer sans appel.
L'institution sera bien vite réorganisée par le décret du 1er
janvier 1871. Mais, l'insurrection de la Kabylie ayant paru
démontrer que l'administration militaire ne saurait être acceptée
définitivement et sans retour par les indigènes, on va la
cantonner dans le Sud, sous l'étiquette, à peine modifiée, de
Bureaux des Affaires Indigènes et lui enlever beaucoup de son
importance, en la remplaçant peu à peu par l'administration
civile. |
|
|
|
CHAPITRE III
La grande préoccupation du régime civil va être de façonner une Algérie
à l'image de la France. Il s'y efforcera pendant une vingtaine d'années,
calquant, pour ainsi dire, les lois métropolitaines, les appliquant, autant
que possible, telles .quelles, ou avec un minimum de modifications motivées
par l'état de choses établi ou par la composition de la population
algérienne, en majorité indigène.
L'Algérie forme trois départements : Alger, Constantine et Oran, soumis au
même régime que les départements métropolitains et ayant une
représentation au Parlement. Le décret de convocation du 5 février 1871 les
appellera à envoyer, chacun, à l'Assemblée nationale, deux députés élus
au scrutin de liste. La loi organique du 30 novembre 1875 n'accordera plus
qu'un député au département algérien. La loi du 28 juillet 1881 doublera
cette représentation, qui sera élue suivant le même mode de scrutin qu'en
France. La loi constitutionnelle du 24 février 1875 et la loi du 9 décembre 1884 doteront encore le département algérien d'un sénateur élu
par un collège défini par l'article 11 de la loi organique du 2 août 1875,
qui ne comprend pas les membres des conseils d'arrondissements, non institués
en Algérie, et dont les délégués communaux sont élus par les conseillers
municipaux citoyens français, à l'exclusion des conseillers municipaux
indigènes.
Ces trois départements sont placés par le décret du 24 octobre 1870 sous
l'autorité d'un gouverneur général civil, rattaché au ministère de
l'Intérieur et qui centralise, à Alger, le gouvernement et la haute
administration. Les deux premiers gouverneurs généraux civils seront,
d'ailleurs, un amiral : de Gueydon, et un général
Chanzy ; on les choisira ensuite, de préférence, parmi les hauts
fonctionnaires métropolitains : préfets, conseillers d'État, ambassadeurs.
Mais les deux militaires tiendront à honneur de servir loyalement le régime;
ils s'y efforceront de telle manière qu'ils le marqueront profondément de
leur empreinte.
|
|