l'occupation des oasis sahariennes et, s'il ne réussit pas à faire partager
cette opinion par le Gouvernement métropolitain, du moins prépara-t-il l'œuvre
d'expansion algérienne qui devait, pendant la période suivante, s'effectuer
dans le Sahara et sur les confins marocains. Enfin, prenant part, à la
Chambre, comme commissaire du Gouvernement, à toutes les discussions
auxquelles donnait lieu la réorganisation de l'Algérie; s'élevant avec
vigueur contre le système des rattachements dont il éprouvait vivement les
inconvénients; préconisant, dés 1891, devant la Commission d'enquête
sénatoriale, une réforme consistant à doter l'Algérie d'un budget
spécial, soumis aux délibérations du Conseil supérieur, allégé de toutes
les dépenses, de souveraineté qui appuient l'action politique de la France,
et réduit à des prévisions d'intérêt purement local, telles que:
agriculture, colonisation, travaux publics; Jules Cambon a été un des
promoteurs du mouvement de décentralisation algérienne.
Après avoir longtemps hésité, dans la crainte que les réclamations
algériennes ne fussent le prélude de tentatives d'indépendance, le
Gouvernement prit le décret du 31 décembre 1896, qui mettait fin au régime
des rattachements et réorganisait la haute administration de l'Algérie dans
le sens d'une décentralisation.
La méthode d'assimilation avait fait son temps. Elle disparaissait, comme la
méthode militaire, pour des raisons tenant, bien plus, à ses qualités et à
ses succès qu'à ses faiblesses et à ses échecs. Elle avait été
indispensable, croyons-nous, à la formation du milieu néo-français. Une
décentralisation administrative octroyée beaucoup plus tôt, un peuplement
français moins abondant, une naturalisation moins massive, auraient
certainement aggravé ce « péril étranger » dont la crainte a hanté la
France à la fin du siècle dernier.
Mais son action profonde avait préparé un nouvel état de choses, qui
exigeait l'avènement d'une autre méthode. La décentralisation
administrative de l'Algérie a été opérée en trois étapes.
Tout d'abord, un décret du 23 août 1898, abrogeant et remplaçant les
dispositions provisoires de celui du 31 décembre 1896, a défini, à nouveau,
les pouvoirs du Gouverneur général; un deuxième décret, puis un
troisième, pris le même jour, ont institué l'assemblée des Délégations
Financières et réorganisé le Conseil supérieur du Gouvernement. La loi du
19 décembre 1900 a remanié l'ensemble ainsi formé, en dotant l'Algérie de
la personnalité civile et
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