pays, le parcourut presque sans escorte, dédaignant les dangers auxquels il
s'exposait, prit contact, avec les insurgés, leur parla, les raisonna, les
apaisa et, pour pacifier définitivement le massif montagneux, ouvrit des
routes et des écoles, créa des services automobiles. Un parlementaire
algérien a pu dire de lui, à ses obsèques : " La collaboration intime
de l'élément indigène au triomphe de notre cause a été son œuvre
essentielle. " Ses idées sur la réforme électorale indigène étant en
désaccord avec les projets du gouvernement de la métropole, il quitta le
pouvoir en janvier 1918.
Jonnart, qu'il avait remplacé et qui lui succéda, revenait en Algérie comme
Gouverneur pour la troisième fois. Nommé d'abord en octobre 1900, il avait
été obligé de rentrer en France au bout de quelques mois, pour des raisons
d'ordre familial. Désigné de nouveau, en mai 1903, il avait conservé le
pouvoir jusqu'en 1911. Il le reprit pour dix-huit mois. encore, le temps,
seulement, d'organiser, dans le milieu indigène, les institutions politiques
nouvelles qu'exigeait l'évolution de l'esprit public, consécutive aux grands
remous de la guerre. C'est un de nos plus grands administrateurs. Directeur
pendant trois ans du cabinet de Tirman, rapporteur du budget de l'Algérie, en
1893, avec un rapport qui a souvent servi de modèle, il connaissait à fond
toutes les questions algériennes. Comprenant le pays, l'aimant de tout son cœur,
il le servit de toute son âme. Parlementaire influent, habile et souple,
autoritaire à l'occasion, il y a accompli une oeuvre laborieuse et
intelligente. Son action puissante s'est partout exercée; à l'extérieur
comme à l'intérieur : dans la pénétration saharienne et sur les confins
algéro-marocains ; sur les assemblées algériennes qu'il dominait de haut et
qui, sous sa direction, acquirent du prestige et prirent du relief; dans le
développement de la colonisation et l'exécution' des programmes de travaux
publics. Il a montré une sollicitude particulière pour les indigènes,
s'efforçant d'améliorer leur condition matérielle et morale par
l'assistance, l'hygiène et l'instruction publique. Son souvenir demeurera
attaché à l'évolution de notre politique indigène dans un sens très
libéral et à la réforme, opérée en 1919, dans le statut de nos sujets
algériens.
|