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   G. Gal ABEL (1919-1921)G. Gal STEEG (1921-1925)       

 

CHAPITRE V


Encadrée dans l'État français, l'Algérie n'est pas encore complètement incorporée à la nation française.
Une nation est une unité préparée par une communauté de race, de langue, de religion, d'histoire et d'habitudes, peu à peu transformée en communauté spirituelle par un long effort de réflexion - ce que Michelet appelle le lent travail de soi sur soi, accompli par la grande âme de l'être en formation. Elle est fondée sur un consentement qui s'analyse en une volonté de vivre ensemble, résultant d'une communion.
Et, sans doute, il y a en Algérie, réunies dans un peuplement européen pétri de sang français et profondément imprégné de notre esprit, toutes les affinités mentales et les habitudes qui ont créé notre unité nationale. Entre Français, et créoles ou néo-français, il peut exister des nuances de pensée, non des différences véritables, encore moins une opposition. L'influx du sang étranger, si important et récent qu'il soit dans le peuple algérien, ne saurait faire redouter des troubles circulatoires dans le cœur puissant de la France méditerranéenne. Contemplés dans le recul de l'histoire, l'antisémitisme et le " mal de l'Algérie " apparaissent comme des psychoses passagères dont quelques mesures, à la fois prudentes et énergiques, ont suffi à calmer la fébrilité et le seul écoulement du temps a amené la disparition. Si l'on se prend, enfin, à réfléchir au conflit de devoirs moraux qui pourrait naître dans le cœur de nombreux algériens, au cas où des difficultés surgiraient entre nations latines, on s'aperçoit que le mélange des races dans le creuset nord-africain est un nouveau ciment d'union européenne et que, dans l'hypothèse où une lutte fratricide éclaterait, les néo-français joueraient, selon toute vraisemblance, le rôle qu'attribue aux Sabines la légende romaine.
La situation est bien différente en ce qui concerne les indigènes. Il y en a, certes, un grand nombre qui peuvent, avec un légitime orgueil, proclamer qu'ils sont, en même temps, de " bons Musulmans " et de " bons Français ".

 
G. Gal VIOLLETTE (1925-1927)G. Gal BORDES (1927)
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