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   d'or; parmi ceux de Delft, genre panneaux à fleurs, certains, comme à la Bibliothèque Nationale, portent la signature J. V. M. (J. Van Maak). L'industrie locale avait disparu depuis longtemps. En 1830, elle ne survivait guère à Alger que dans une faïencerie que signale M. Marçais.

La poterie berbère se présente sous une décoration picturale dont l'origine remonte à la plus haute antiquité. Elle offre " des ressemblances véritablement frappantes " avec les poteries qui se fabriquaient dans la Méditerranée orientale au premier âge du bronze " (Gsell). Les principales spécialités étaient - et sont encore - le groupe de 3 ou 4 aiguières accolées par la panse; les cruches à deux anses, les " metred " à coucouss formés de petits récipients sur piédouche; des lampes à plusieurs rangées de lumières, etc... Le dessin, toujours géométrique, est le plus souvent rectilinéaire (losanges, carrés, chevrons, parallèles, quadrillages). Dans la région d'Oum-el-Bouaghi (douars Medfoun, Kerima, El Hassi), essais de représentation naturiste (hommes, chameaux, ânes, oiseaux) d'une gaucherie amusante. Tous ces produits à usage domestique et sans prétentions n'ont que rarement atteint la notoriété artistique.


L'ÉBÉNISTERIE

Vous vous souvenez du minbar, daté du XIème siècle, de la grande Mosquée algéroise. En l'état actuel de nos connaissances, il ouvre et ferme du même coup le cycle d'une évolution. Le décor sur bois net s'est pas développé à Tlemcen : en Algérie, l'ameublement des mosquées fut toujours négligé. Mais voici un second point de repère Léon l'Africain. Il cite Miliana pour ses " tourneurs qui font des vases de boys fort excellents..." De même Marmol : " ces vaisseaux de bois pour boire sont estimés dans le pays. " Haëdo, décrivant les intérieurs algérois, détaille un ameublement rudimentaire: " Ils n'ont pas de cassettes, d'armoires, ni de pupitre; une boîte ou coffret de quatre ou cinq palmes leur suffit pour renfermer quelques objets de femme et un autre un peu plus grand pour contenir quelques autres effets... Ils n'ont pas non plus de buffet; ou de tables pour manger... " Ce sont, d'ailleurs, les esclaves chrétiens qui sont spécialisés dans le travail du bois: " ils sculptent les poupes de galères et de galiotes. " (Haëdo).

      

Aucune précision dans Venture de Paradis.
Les Turcs, surtout les raïs, ont cependant aimé les grilles, balustrades, panneaux, plafonds sculptés dont ils ornaient leurs palais. Mais, comme sur la porte de Ketchaoua, ils n'ont développé qu'une facture composite, de franche inspiration européenne, où surnagent des réminiscences maghrébines et, peut-être, des fragments de géométrie berbère.

En 1830, une fois énumérés les coffres à enluminures faciles, les tabourets bourgeoisement incrustés de nacre, les tables à arceaux latéraux, les étagères et les porte-Coran, en a épuisé la gamme de l'ébénisterie turque. Un seul progrès : l'accentuation du relief. Le sculpteur hispano-moresque fut surtout un ciseleur superficiel délibérément resté à la surface. Il combina des polygones ingénieux sans les incorporer à l'âme du meuble. Il découpa, il ne modela point. Il a tatoué, il n'a pas gravé. Le menuisier turco-berbère fouille plus profondément la matière. Il en fait jaillir les reliefs. A l'ébénisterie à deux dimensions de ses prédécesseurs, il substitue le panneau à trois dimensions, moins mièvre, plus brutal, plus curieux de l'effet en profondeur.


L'ORFÈVRERIE

Léon l'Africain a peint la maghrébine avec ses " boucles d'argent faites assez industrieusement " et portant " aux oreilles plusieurs anneaux d'argent, et aux doigts semblablement ". Ces mêmes anneaux, Venture de Paradis les a remarqués. " Ils étaient ornés, dit-il, de perles de verre ou de corail ". II n'est pas échappé à ce galant homme que les femmes avaient "plusieurs bracelets de corne de buffle qui leur couvrent les bras jusqu'au cou ". Du temps de Pananti, les Algériennes portent " des bracelets précieux et de grands anneaux d'or. Elles ont des boucles d'oreilles en forme de croissant, de la longueur à peu près du petit doigt et souvent de cinq pousses de circonférence... " Shaler qui vécut à Alger, quelques années avant 1830, souligne la coquetterie des citadines. " Leurs oreilles, leurs poignets, le dessus de leurs chevilles sont chargés de bijoux en or; leurs doigts en sont couverts. Selon les conditions, l'argent souvent même le cuivre, entrent dans la composition de ces bijoux... "

 
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