|
La bijouterie
algéroise, hospitalière à toutes les techniques, puisa
largement dans le catalogue français et italien Elle
s'affranchit vite des influences du terroir. Surtout
pratiquée, à l'époque d'Haëdo, par des juifs livournais et
espagnols, elle illustra les colliers de motifs venus de
l'Europe. Elle enchâssa dans l'or douteux de la bague le faux
diamant d'Italie.
|
|
Elle cisela sur l'argent des
tulipes génoises. Et le métier, certes, dut être fructueux
: le Tachrifat mentionne " un amin directeur de la
monnaie... chargé de la surveillance de la corporation des
bijoutiers et des orfèvres entièrement composée de juifs
".
La bijouterie kabyle, avec ses boutons de corail, ses
pendeloques, ses filigranes, ses émaux cloisonnés bleu
clair, bleu foncé, ocres, verts ou jaunes, avait conservé sa
note rustique et barbare. Encore n'est-ce là aussi,
peut-être, qu'une réminiscence : M. G. Marçais rapproche le
bijou berbère des émaux trouvés dans les fouilles d'Andujar... |
LA DINANDERIE ET LA DAMASQUINERIE
Ont-elles été prospères au moyen âge ? Si l'on en croit
Yahia Ibn Khaldoun, traduit par M. Alfred Bel, Abou Hamou, roi
de Tlemcen; reçut en 1359 des messagers de Nédroma, d'Oudjda,
de Honaïn. Il leur remit des " armes incrustées de
pierres précieuses ou d'argent ". |
|
|
|
|
Sous la Régence, Venture de Paradis décrit des " yatagans avec un
manche orné de pierres précieuses et un fourreau garni en argent ou en or
". Les fusils étaient " incrustés de nacre, de pierres
précieuses, de perles et de corail ".
La dinanderie algérienne emprunta d'abord ses modèles au Maroc et à
l'Espagne, puis à l'Italie. Ses centres de fabrication étaient Alger,
Bou-Saâda, Laghouat et Boghar. On y ciselait des aiguières avec support et
bassin, des plateaux, des braseros, des sucriers. etc... L'infatigable
capitaine Rozet constate " que les armuriers font des lames " de
sabre et de yatagan assez estimées; ils montent les fusils et font aussi les
batteries; mais les canons qu'ils emploient venaient de Smyrne ". Les
artisans algériens n'atteignirent en aucun moment la perfection et la vive
originalité des artistes de Fez et de Tunis. Le style resta pauvre et gauche.
Il devint prétentieux dès l'arrivée des premiers cuivres syriens. Le
ciseleur voulut pratiquer l'audacieuse décoration d'Asie Mineure. Son burin
ne parvint que rarement à s'assouplir. Il tomba dans le " poncif ",
dans l'article pour touristes, dans la banalité molle et contournée. La
spirale de Damas vint ramper sur le cuivre algérien; elle s'enroula dans des
feuillages persans. Quelle faute Pourquoi tant céder à la mode étrangère ?
La petite vipère d'Afrique qui détend son arc en éclair vif, est autrement
décorative.
Résumons: sauf la broderie restée vivante, les arts mineurs ont suivi le
sort même de la ville d'Alger. Très prospères au XVIIème siècle, ils
entrent en décadence au XVIIIème, de même que la course périclite et que
la capitale se vide. Le Père Dan, en 1634, évaluait la population d'Alger à
100.000 âmes. En 1798, Venture de Paradis n'y trouve plus que 50.000
habitants. Les exportations s'étaient lentement taries. A la veille de notre
débarquement, la balance commerciale se chiffrait par 1.200.000 dollars à
l'importation et 273.000 seulement à l'exportation (Lespès).
Après 1830
Rien, ont écrit les Goncourt, n'entend autant de sottises qu'un tableau. Si:
un tapis d'exposition. L'amateur disert qui, dans un cercle de dames,
s'extasie sur un tissage berbère, déplore la décadence des " arts
indigènes " entre 1830 et 1880. Il néglige d'ajouter que, durant cette
période, la colonie a traversé une profonde crise de croissance. Ce
|
|