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rapports entre la Suède et le Maghreb étaient fréquents. A la fin du Xllle siècle, " les navigateurs du Nord vendaient directement du fer aux Sarrazins d'Afrique et au XIVème siècle Clément VI autorisa, au moins momentanément, le roi de Suède à vendre des faucons aux Sarrazins " (Mas-Latrie).

Le commerce scandinave était tel qu'à l'époque de Shaw, la Suède
Fig. 72. - Tapis d'Aflou (École de Dielfa). payait à la Régence, pour se garantir de la Course, un tribut annuel de 4.000 doubles piastres. Venture de Paradis parle " de présents consulaires suédois en bijoux, etc., évalués au moins à 30.000 fr... ".

En 1822, écrit Shaler, le tribut était de " 24.000 dollars espagnols ". Ne retenons de ces données qu'une hypothèse:
la possibilité d'influences russes ou suédoises, peut-être indirectes, sur le tapis du Djebel Amour.

Les dimensions étaient autrefois de 9m de long sur 3 de large.
Elles sont aujourd'hui de 6mx2m. Le fond du coloris est un bleu assez sombre, où des motifs, souvent rehaussés de vert, se détachent en rouge.
Le tapis du Djebel Amour est d'un bel effet décoratif. L'harmonie de la couleur, la rectitude toute berbère du dessin, l'ont fait vivement apprécier. Il allume, sous la cendre bleue du fond, de magnifiques scintillements de braise.
" Le Djebel Amour, confiné dans les sombres et généreuses teintes caroubier et indigo, 
      

parfois soulignées d'un peu de vert, aussi chaudes à l'œil que leur très haute laine l'est aux pieds, ceci dit pour nous qui marchons dessus tandis qu'aux indigènes, aux nomades particulièrement, il sert de siège et de couche. Soit remarqué en passant, nous les plaçons sens dessus dessous, faisant de l'endroit ce qui est l'envers, en sorte que nous échappe la précision du très simple dessin, affectant d'ordinaire la forme losangée " (Marie-Anne de Bovet).

Le tapis du Guergour (fig. 71).

Le tapis du Guergour, précisément à cause de son décor complexe, parfois confus, est celui qui a le plus suivi les modes nouvelles. Réduit comme il l'a été, par le Cabinet de dessin de l'administration académique, à ses thèmes originels il se définit: a) par une large bande d'encadrement; b) par un panneau central de forme hexagonale c) par l'usage de l'octogone et de la marguerite comme élément de remplissage. Nous en connaissons actuellement trois variantes.

Premier spécimen
: la large bordure caractéristique n'intervient qu'après deux minces listels, avec des octogones, des marguerites stylisées, une sorte de crochet dentelé symbolisant la chenille. Le panneau médian encadre des losanges de marguerites à centre crucé.

Deuxième spécimen
: la large bordure du cadre, précédée de cinq autres, beaucoup plus petites, porte aussi des octogones et des motifs en trapèze contenant des hexagones. Sur le médaillon marguerites et tiges de palmettes où les tisseuses auraient prétendu figurer la " lampe de mosquée ". Elles rappellent plutôt l'humble " veilleuse " des friches berbères.

Troisième spécimen
: la bande marginale, semée de marguerites octogonales et de chenilles, subsiste seule autour d'un champ central fleuri de marguerites et de motifs en forme de lambel.
Le coloris est très variable: la dominante est généralement brune ou bleue.

Bref, nous sommes en présence d'un décor très chargé qu'avait envahi, depuis le XVIIIème siècle, une flore parasite très vivace. Le Cabinet de Dessin a pratiqué dans cette végétation luxuriante les coupes nécessaires. Il n'a laissé subsiste- que des plants et des semis acclimatés du

 
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