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Maghreb. Il a soigneusement expurgé ses modèles des apports tunisiens et persans. Il a restitué au tapis du Guergour sa physionomie traditionnelle, enfin dégagée des snobismes déformateurs et des anachronismes ornementaux.
 
Fig. 71. - Tapis du Guergour (École de Constantine) Entre les types de Kalaâ, d'Aflou et dû Guergour, flotte la multitude des tapis algériens, dont aucun n'a une individualité propre et qu'il est facile de classer approximativement dans l'une des trois catégories. L'Académie d'Alger a également donné comme modèles des tapis persans, coptes, d'Asie Mineure, du Caucase, de Boukhara. Tous ont été exécutés avec une rare habileté et une science du détail nuancé qui fait honneur aux maîtresses et aux tisseuses.
Pour les tissages, retour au vieux géométrisme berbère : la flore qui avait envahi le
répertoire linéaire traditionnel, a été ou émondée, ou ramenée à la triangulation précise qui a toujours caractérisé la manière kabyle (fig. 73).
Pour les broderies, après la restauration de la facture algéroise, l'art marocain a été proposé comme modèle, en Oranie notamment: broderies de Rabat, avec leurs épanchements floraux, leur vive palette allant du bleu indigo au vert, au violet sombre et à l'or; de Fez, de Salé, de Tétouan, d'Azemmour d'une flore hispano-moresque si exubérante :
      
des variantes algériennes, d'une splendide exécution. transplantent en pays arabe ces jardins magnifiques (fig. 74). Même résurrection dans la dinanderie et l'ébénisterie. Les écoles d'apprentissage ont tenté, pour le cuivre, une adaptation très piquante d'amusants thèmes syriens, en les combinant avec la tradition un peu naïve des anciens ciseleurs.
La même initiative a retrouvé le secret des meubles de la grande époque. Mais on a fouillé et creusé le bois, pour lui éviter le " plaqué " de la menuiserie musulmane. Le koufique est enseigné dans nos écoles; il s'inscrit dans des oeuvres que l'Algérie de 1830 n'a jamais produites et que les pays d'Orient ne peuvent plus, d'ailleurs, qu'imparfaitement réaliser.

La Direction des Affaires Indigènes, de son côté ne restait pas inactive (1) Elle fit dessiner par M. Herzig, et tisser par l'école de Blida, des tapis berbères modernisés
Fig. 73. - Tapis berbère (École de Blida)
qui obtinrent, en 1926, le plus vif succès à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs. De nombreux ouvroirs privés, parmi lesquels ceux des Sœurs Blanches, ont aussi puissamment contribué à la restauration du décor algérien.
En résumé nous constatons une renaissance de la ligne, de la forme, de la ciselure, un retour à la tradition classique, une modernisation enfin, dues à la simplification élégante

(1) Sur les initiatives de M. Mirante, directeur.

 
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