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du Christ faits de lettres grecques et de la Croix. Enfin, des
agencements géométriques, cercles, losanges, étoiles, rosaces,
empruntés peut-être aux dessins de la mosaïque, aux tissages, à
l'ébénisterie de l'époque, ou qui, dans une seconde hypothèse,
sont les dernières fleurs d'une sève ornementale de plus en plus
raréfiée, les rameaux étiolés d'un arbre sans racines où ne
circule plus l'influx généreux de la vie.
Entrons maintenant dans le détail :
Les églises à plusieurs nefs. - Pas de transept, rareté
des tribunes et de l'atrium, portes latérales, abside
demi-circulaire parfois remplacée par un espace carré en arrière
de la nef, telles sont les caractéristiques générales.
La basilique de Sainte-Salsa, à Tipaza (fig. 15), garde de beaux
vestiges. Deux parties d'époques différentes: une chapelle qui
fut, beaucoup plus tard, transformée en basilique. La chapelle a
été construite vers le début du IVème siècle, sur un
emplacement où se trouvait déjà le tombeau de Fabia Salsa, morte
à 63 ans, mère ou parente de la sainte, et non comme on l'a
prétendu; la sainte elle-même. Le sanctuaire qui y fut bâti, en
pierres de taille, mesurait 15m12 x 15m06. Deux files de piliers
supportant des arcades le divisaient en trois vaisseaux. Détail
singulier: dans les piliers, à près de 2 mètres du sol, baillent
des orifices |
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rectangulaires, peut-être pour recevoir des supports de rideaux. Au fond, une
abside en contrebas du sol de la chapelle. La nef s'embellissait d'un pavement
de mosaïque. Lors de la transformation en basilique, soit sous l'évêque
Potentius, soit aux époques byzantine ou vandale, l'édifice atteignit une
longueur de 30m60. La façade fut agrémentée d'un portique avec six piliers.
On maintint la division en trois vaisseaux, avec adjonction de tribunes à
environ 4 mètres du sol et dont deux escaliers coudés permettaient l'accès.
Chaque tribune était bordée de colonnes à chapiteaux ioniques. Le tombeau
de sainte Salsa, ceint d'un grillage, était sans doute au centre de la nef.
La basilique abritait de nombreux sarcophages dont certains portent des
épitaphes en mosaïque. La hauteur totale du monument devait être d'environ
dix mètres.
La légende de sainte Salsa est touchante. Issue d'une famille notable du
municipe, elle se convertit au christianisme à l'insu des siens. Elle
précipite dans la mer le Serpent doré dont le sanctuaire profane la colline
des Temples. Elle est massacrée et son corps lancé dans les flots. Alors une
tempête s'élève. Un navigateur gaulois, Saturninus, plonge sous les eaux et
ramène le corps de la bienheureuse, « cette précieuse perle du Christ ».
Aussitôt, le vent tombe. La mer redevient souriante. Premier symbole et
combien suggestif: il rapproche déjà, en ces temps troublés, le
civilisateur venu de Gaule et la petite Berbère.
Tipaza a été, comme Cherchell, bien qu'à un degré moindre, un centre de
culture et de civilisation. La Basilique, la chapelle contenant le tombeau de
l'évêque Alexandre, la Nymphée sont, dans la verdure, d'un effet poignant.
L'ocre des rochers, le bleu sombre des vagues, la masse des lentisques,
composent avec les ruines et les sarcophages un rythme alterné de mort et de
vie. On murmure, une fois de plus, une page de M. Louis Bertrand qui a tant
aimé Tipaza : « Des vides s'ouvraient au creux des roches. Des débris
d'amphores, de grandes auges de pierre semblables à des carcasses de bêtes
émergeaient de la terre rouge. A chaque pas, les ruines funéraires se
répandaient parmi les touffes d'asphodèle. On marchait dans de la cendre
humaine. L'humus opulent était comme gonflé de cercueils. Mais vorace,
jailli superbement de la riche pourriture, tout le peuple vague des
broussailles et des plantes déferlait comme une onde sur les fosses à jamais
désertes... ».
Il convient également de citer, parmi les églises à plusieurs nefs, celles
d'Announa (avec des fûts de marbre,
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