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Enfin, l'art du
bronze a laissé quelques beaux restes à la Qala :
coffrets, débris de fermoirs, pièces diverses de
harnachement.
Bref, des survivances héréditaires comme la feuille de
vigne |
et l'aptitude linéaire;
le maniement de la polychromie, rendu plus souple par les
progrès de la céramique locale ; le défoncement en forme
de niche, l'enrichissement des rinceaux, du motif floral, de
la géométrie ornementale qui tente d'originales synthèses
d'angles; - c'est le fait d'influences venues de
Mésopotamie ou d'Égypte et qui font de la Qala, suivant la
vive expression de M. Marçais, un bloc oriental en pays
berbère.
Et, pour la première fois peut-être, l'art algérien va
avoir une descendance: de Bougie, où il s'est finalement
réfugié, il passera en Sicile: les palais siculo-arabes
rappelleront les monuments de la Qala délaissée, à jamais
abandonnée dans sa solitude émouvante.
Revenez une dernière fois au minaret. Sa crête dentelée
mordille le ciel. Et dans certains crépuscules, il prend
une allure tragique. |
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Cime d'un grand rêve, cri d'héroïsme et de foi,
direz-vous. N'allez-vous pas, à chaque pierre, sentir comme
un frisson et une odeur de fièvre ? Non, tout cela est
mort. La greffe d'Orient n'a laissé aux Beni-Hammad que des
bourgeons desséchés. La vie ? Elle n'est plus que dans les
genêts du printemps berbère, dans les aboiements du douar
voisin, dans la flûte sinueuse du berger qui, au jour
fléchissant, rentre ses chèvres. |
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ALMORAVIDES ET ALMOHADES
Les conditions historiques et sociales A partir de 1054, déferle sur
l'Algérie la seconde vague arabe, celle des nomades de Beni-Hilal.
A la même époque, l'Espagne se décompose en petits royaumes : il
y a une Espagne berbère, une Espagne syrienne que menace depuis
1055, la « reconquête » menée par Ferdinand ler. Le salut de
l'Islam viendra du Maghreb par les Almoravides et les Almohades.
« Almoravides et Almohades sont des sectes avant d'être des
empires. Leur raison d'être est une action religieuse; c'est un
effort de l'Islam, et d'un Islam proprement berbère, pour résister
à la menace de l'Espagne Chrétienne. La guerre sainte est la cause
initiale de leur activité et le principe de leur grandeur » (Marçais).
Les Almoravides, Sanhadjiens du Sahara, nomades, porteurs de voiles,
s'instituent les apôtres du « malékisme intégral ». Les
Beni-Hilal sont des brigands féroces et pillards. Les Almoravides,
vers le début, sortent à peine de la barbarie : mais leur idéal
religieux les exalte et les élève. Ils développent Tlemcen qui
restera la capitale de la province algérienne, dotent Alger de sa
grande Mosquée, gagnent l'Espagne où leur action entrave
rapidement la reconquista chrétienne. Grands bâtisseurs de
mosquées et de forteresses, gagnés à la civilisation hispanique
où se fond peu à peu leur rudesse saharienne, ils feront passer
sur la Maghreb un riche courant d'influences andalouses.
Les Almohades, eux, sont des Berbères sédentaires, habitant la
partie occidentale du Haut-Atlas marocain. Au malékisme
intransigeant, à la casuistique bavarde des Almoravides, ils
opposent le retour au Coran, à la Sounna librement interprétés et
enseignés en langue berbère. Leur docteur, le Mahdi Ibn Toumert,
prototype du grand marabout, figure âpre où se combinent la
finesse et la
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