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brutalité, la froideur et le fanatisme, leur grand chef militaire,
Abd-el-Moumin, un fils de notre Nédroma algérienne, conquérant et
organisateur lucide dominent, et de beaucoup, tout le me siècle
africain. Leurs troupes soumettent et convertissent l'Afrique
Mineure, de l'Atlantique à Gabès. Elles mènent la guerre sainte
en Espagne. Almoravides, Hammadites de Bougie, Arabes hilaliens
capitulent. Abd-el-Moumin est le premier de la dynastie des
Mouminides qui, jusqu'à 1236, vont régner sur le Maghreb et une
partie de la péninsule ibérique. Son fils, son petit fils,
entourés d'architectes, de poètes, de savants, bâtissent partout
mosquées et médersas : époque de la Giralda de Séville, de la
tour de Hassan à Rabat, de la Koutoubia de Merrakech. Époque
glorieuse d'Ibn Tofail, auteur du plus subtil roman 'philosophique
du moyen-âge, où un Robinson intellectuel retrouve par
l'investigation métaphysique toute la science humaine. Et
Averroès, non le faux Averroès de Renan, mais celui de M. L.
Gauthier et d'Asin Palacios, si curieux avec sa religion à étages
: au rez-de-chaussée les bas esprits, au faîte, les esprits
supérieurs interprétant la Divinité dans un sens de plus en plus
raffiné.
L'art algérien, jusqu'à présent mêlé d'apports orientaux, de
réminiscences locales et byzantines, va maintenant, grâce aux
Almoravides et aux Almohades; s'ouvrir à la culture de l'Espagne
musulmane.
La grande mosquée d'Alger
On lit sur le minbar de la Grande Mosquée d'Alger « Au nom
d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Ce minbar a été achevé
le 1er du mois de Redjeb de l'an 409. Il est l'ouvrage de Mohammed
». 409 correspond à l'année 1018 de notre ère (1). Une seconde
inscription, à l'intérieur du bâtiment, nous apprend qu'en 1323,
un roi de Tlemcen fit construire le minaret, auquel le document
épigraphique prête cet hymne de reconnaissance : « La lune du
firmament s'est présentée à moi dans tout son éclat et m'a dit :
sur toi mon salut, ô toi la seconde lune ! Aucune vue, en effet, ne
captive les coeurs comme la mienne. Allons, venez donc contempler ma
beauté et l'aspect réjouissant de mes couronnes. Puisse mon Dieu
(1) Suivant une nouvelle étude de M- Marçais, le minbar. est de
490, soit 1097- (In Hespéris 1926 p. 419.)
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