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   vers 1280, bâtir le minaret. Depuis, de nombreuses corrections, au XIVème siècle notamment, modifièrent l'ensemble.
Et c'est l'une des originalités du sanctuaire : les autres mosquées de Tlemcen sont chacune l'œuvre d'une seule
      

époque, d'un seul prince. Elles portent comme un sceau d'origine.
Dimensions : 60m x 50. Cour carrée de 20 mètres de côté. Dans la salle de prières, 13 nefs de 3m20 parallèles au grand axe, perpendiculaires au mur du mihrab. Celle du milieu a 4m60. Forêt de 72 colonnes: comme à la grande Mosquée algéroise, leur forme est rectangulaire ou cruciale. Toutes sont en maçonnerie, sauf dans la nef centrale où jaillissent, d'un élan spontané, deux beaux fûts de pierre. Trois types d'arc: le plein cintre outrepassé, le brisé outrepassé, le lobé.
Le mihrab rappelle celui de Cordoue (fig. 45). Sa coupole est intaillée de cannelures oblongues. Décor en plâtre, avec feuilles d'acanthe et motifs épigraphiques.

Chapiteaux. - Les premiers décorateurs musulmans ont emprunté leurs chapiteaux aux ruines antiques. C'est pourquoi, vers les débuts, dominent le corinthien et le composite déliquescent. Plus tard, le réservoir classique épuisé, il fallut bien inventer. On reproduisit d'abord la superposition d'acanthes corinthiennes; peu à peu, elles se réduisirent à une seule rangée; l'ancien feuillage se cristallisa en un méandre continu incurvé au sommet. Deux chapiteaux de la grande Mosquée ont encore l'acanthe disposée en étages, mais sans nervures ni découpures profondes. L'acanthe tlemcénienne de l'époque est un moment de l'évolution qui, partie des modèles corinthiens, a fondu le dessin primitif pour aboutir à la formule du XIVème siècle.

Autre innovation, déjà virtuelle, nous l'avons vu, à la Qala des Beni-Hammad : la stalactite ainsi nommée parce qu'elle ressemble aux concrétions calcaires des grottes. A la grande mosquée de Tlemcen, les angles de la coupole - avant du mihrab - s'en revêtent; mais c'est encore un tâtonnement, une gauche réplique de Cordoue.

L'élément floral et géométrique (fig. 46). - En thèse générale, il faut toujours, dans la décoration végétale, distinguer la tige de la palmette. La tige peut, à elle seule, si elle sait s'épandre, masquer la nudité des surfaces. La feuille a un double rôle; elle aussi remplit les vides des panneaux et elle habille de frondaisons les rinceaux trop grêles. L'art musulman occidental demandera à la tige un immense effort; il l'étirera et l'assouplira, la courbera en de savantes involutions. Par contre, il va réduire de plus en plus la palmette. La voici qui perd sa riche variété. Elle se recroqueville comme une feuille que flétrit l'automne. Tige et

 
Fig. 45. - TLEMCEN : Mihrab de la Grande Mosquée
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