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   réparée, mais ses beaux spécimens de l'art hispano­moresque attirent encore le dilettante.
Elle fut fondée en 710 (1310 de J.-C.) par ordre d'Abou Hammou Ier, avec une médersa (El-Médersa El Qadima) et des annexes aujourd'hui disparues. L'ensemble était destiné à deux frères Abou Zeid Abderrahmane et Abou Moussa, savants réputés que le roi voulait retenir à Tlemcen. Ils étaient fils d'un iman de Ténès. De là, l'appellation de l'oratoire. En 1859, date où Bargès l'étudia, il étai} déjà abandonné. « Il ne sert plus au culte, à cause de la « solitude du lieu où il se trouve... ».
Dans les deux travées et les trois nefs de la salle de prières. rien n'a survécu de l'ancienne ornementation. Le cadre du mihrab conserve les vestiges d'une décoration sur plâtre à maille délicate et légère. La niche se creuse sous une coupole à stalactites que dominent trois petites fenêtres en plein cintre. L'écriture koufique, les palmettes, les courts rinceaux, sont de la même frappe qu'à Sidi-Bel-Hassen.
Le minaret, de 17 mètres, développe sur les quatre faces, comme à Sidi-Bel-Hassen encore, des damiers losangés, des céramiques vertes, blanches et brunes. Dans le sens vertical, deux panneaux, l'un avec arc festonné, le second à deux arcades lobées et jumelées.

Mosquée de Mechouar

Le Mechouar est l'ancien palais-forteresse des rois de Tlemcen. Il dut être superbement aménagé. Mohammed Et-Tenesi parle de ses « édifices splendides, de pavillons « très élevés, de jardins ornés de berceaux de verdure » ... Au XVIème siècle, Léon l'Africain évoque la « magnifique « architecture des bâtiments ». Bargès décrit une horloge que les rois de Tlemcen conservaient jalousement. Le passage mérite d'être cité :

« Elle était ornée de figures d'argent d'un travail ingénieux et d'une structure solide. Sur le plan supérieur de l'appareil s'élevait un buisson sur lequel était perché un oiseau avec ses deux petits sous les ailes. Un serpent, sortant de son repaire situé au pied de l'arbuste, grimpait doucement et sans bruit vers les deux petits qu'il guettait et qu'il voulait surprendre. Sur la partie antérieure il y avait dix portes, c'est-à-dire autant que l'on comptait d'heures dans la nuit, et à toutes les heures une de ces portes tremblait et faisait entendre un frémissement. Aux deux coins de l'appareil et de chaque côté était une porte ouverte, plus longue et plus large que les autres. Au-dessus de toutes ces portes et près de la corniche, l'on voyait le globe de la lune qui tournait dans un grand cercle et marquait par son mouvement la marche naturelle que ce satellite suivait dans la sphère céleste pendant cette nuit. Au commencement de chaque heure, »

      

« au moment où la porte qui la représentait frémissait, deux aigles sortaient du fond des deux grandes portes et venant s'abattre sur un bassin de cuivre, ils laissaient tomber dans ce bassin un poids également de cuivre qu'ils tenaient dans leur bouche; ce poids entrait par un trou qui était pratiqué dans le milieu du bassin et arrivait ainsi dans l'intérieur de l'horloge. Alors le serpent a qui était parvenu au haut du buisson, poussait un sifflement et mordait l'un des petits oiseaux que son père cherchait en vain a défendre par ses cris redoublés. Dans ce moment, la porte qui marquait l'heure présente s'ouvrait toute seule, et il paraissait une jeune esclave ornée d'une ceinture et douée d'une rare beauté. De la main droite elle présentait un cahier ouvert où le nom de l'heure se lisait dans une petite pièce écrite en vers; la main gauche, elle la tenait placée sur sa bouche comme pour saluer le souverain qui présidait la réunion et le reconnaître par ce geste en qualité de khalife. »

Tout cela avait disparu avant l'arrivée des Français. En 1836, quand elles pénétrèrent dans le Mechouar, nos troupes n'y trouvèrent que des ruines - seule subsistait la Mosquée.
Elle est contemporaine de l'oratoire des Ouled-El-Imam. Mais la salle de prières a été remaniée à diverses reprises, parles Turcs notamment, qui en modifièrent le plan et détruisirent la décoration intérieure. Elle n'a plus guère aujourd'hui de cadence artistique.

Il en est de même du minaret. Cependant il a gardé, surtout sur la façade Sud, des survivances de beauté. Il se rapproche sensiblement de celui des Oulad-El-Imam. On voit, dans un cadre de faïence vernissée, une épigraphie un peu déclamatoire et décadente: « O ma Confiance, O mon Espérance, c'est Toi l'Espoir, c'est Toi le Protecteur, scelle mes actions pour le Bien ».

La mosquée de Mansoura

Mansoura, nous l'avons dit, est le camp fortifié devenu une véritable ville, que les rois mérinides construisirent pendant le siège de Tlemcen. Les ruines en ont été exploitées, notamment par les Abdelouadites. Ils y trouvèrent dalles, chapiteaux d'onyx, marbres, colonnes, ultérieurement utilisés pour l'ornementation des monuments tlemcéniens.
On a pu, à la suite :de fouilles, reconstituer le plan de la Mosquée, édifiée en 1303 ou en 1336. Elle occupait un rectangle de 85 x 60 mètres. La cour, de 30 mètres de côté, de forme carrée, entourée sur les flancs gauche et droit de trois nefs parallèles, précédait la salle de prières, longue elle aussi de 30 mètres et divisée en 13 nefs par des colonnes d'onyx. Le mihrab était flanqué de deux portes latérales donnant sur la salle des morts. Suivant Bargès,

 
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