|
six fenêtres l'éclairaient encore en 1839. 13 portes, dont la
principale sous le minaret, ouvraient l'accès de la mosquée.
Bargès parle de « quatre portes ornées de sculptures ». Seule,
celle du minaret a été conservée.
Le minaret dont une moitié subsiste (fig. 49), fut consolidé en
1877-1878. Haut de 40 mètres, il est, écrit M. G. Marçais, un des
plus fiers monuments que nous ait laissé l'art musulman occidental. |
|
|
|
Sa construction a donné lieu à une légende d'un savoureux accent algérien.
La voici, d'après M. Alfred Bel :
«La partie disparue du minaret aurait été construite par un maçon juif,
tandis que l'autre serait l'œuvre d'un musulman. Lorsque le juif a eut
terminé son travail, ajoute-t-on, et qu'il fut arrivé au sommet du minaret,
le sultan lui interdit de redescendre par l'escalier intérieur de cet
édifice, du haut duquel le mueddin devait proclamer chaque jour le nom et la
grandeur d'Allah- Le malheureux juif dut se résoudre à sauter à terre du
sommet du minaret avec des aies en bois qu'il s'était fabriquées. Les uns
disent qu'il se tua en tombant ; d'autres prétendent qu'il fut
miraculeusement sauvé.
Un tourbillon de vent le saisit et il alla tomber à quelques kilomètres de
là, au sommet d'une colline, à l'endroit même où passe actuellement la
route de Tlemcen à Marnia et que l'on nomme le col du Juif, en mémoire de
cet événement. »
En bas, la porte monumentale, l'entrée principale à la fois du Minaret et de
la Mosquée, encadrée dans un rectangle large de 8 mètres qui porte, sur une
bordure, gravée en style andalou, la dédicace du monument. Ce rectangle
enchâsse lui-même trois arcs plein cintre, le premier festonné, le second
lobé, le troisième sans dentelures. L'étage de dessus prolonge sur le
portail, en guise d'auvent, un balcon ruisselant de stalactites. Les autres
façades du minaret ouvraient, à la hauteur du balcon, des fenêtres cernées
d'arcades. Plus haut, un large panneau réticulé, comme emprisonné d'une
cotte de mailles en losanges, avec des miroitements de céramique verte, brune
et bleue. A l'étage supérieur, fausses galeries d'arcs brisés tendus sur de
fines colonnes. Il ne reste rien du sommet de la tour qui, suivant la
légende, portait des globes d'or. La décoration rappelle la Giralda de
Séville, la Koutoubia de Merrakech, la Tour de Hassan à Rabat, la Puerta
del Vino à Grenade.
Oui c'est, bien ici l'un des plus fiers élans de l'art maghrébin. Mais la
note esthétique, cependant vibrante, pâlit dans l'ensemble: le minaret
efface tout. Il monte vers le ciel- comme un sanglot déchiré. Il crie, dans
cette Mansoura si vivante, le désespoir mystique que l'époque n'entend plus.
Ardentes oraisons, syllogismes compliqués et gauches, affirmation de l'Unité
divine, voilà ce qu'il symbolise. Notre Occident, certains de nos élèves
musulmans, veulent d'autres métaphysiques. Nous cherchons, dans des systèmes
moins rigides, des règles de vie- Le minaret de Mansoura n'est qu'un Dogme,
glorieux, magnifique, mais isolé : la moitié en a déjà croulé.
|
|