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   dirigées par un chef local dont le pouvoir central confirmait l'autorité.
C'est dans ces cadres que les cités faisaient l'apprentissage de la vie administrative; tel municipe latin pouvait à la longue devenir municipe romain et plus tard Colonie romaine.
Il en fut de même pour les individus. Le péregrin pouvait accéder au droit latin, le citoyen de droit latin â la qualité ' de citoyen romain, puis au rang de chevalier et, au suprême degré, à l'ordre sénatorial. Il en résultait une émulation continuelle entre les villes, d'une part, entre les habitants, de l'autre. De là, un phénomène de capillarité sociale très sagement réglé. " Cette organisation détermina dans l'ensemble de la population un mouvement d'ascension vers la vie romaine, un appel par l'effet duquel les différentes couches du personnel romain puisèrent pour se renouveler dans le fond indigène, de génération en génération ". (Albertini).

Désormais, dans l'Afrique en pleine prospérité, va se développer une civilisation qui n'atteindra sans doute jamais le niveau de l'Italie, mais dont les manifestations d'art restent encore suggestives.


LA VILLE

Nous distinguerons le camp militaire et la ville de type civil.

UN TYPE DE CAMP MILITAIRE : LAMBESE

La IIIe Légion Augusta s'établit à Lambèse (Lambaesis) vers le début du ne siècle. Elle y demeura plus de 200 ans. La position, d'une haute valeur stratégique, fut choisie. dit M. Cagnat, " conformément à toutes les lois formulées par les auteurs militaires anciens, assez élevée pour être très aérée et dominer la plaine environnante, assez abritée par les hautes croupes de l'Aurès pour ne pas craindre les vents brûlants du Sud, assez découverte pourtant pour ne pas être exposée à une surprise de l'ennemi... ". Le camp, arrosé de sources abondantes, gardait la route du Sud.
Quatre portes flanquées de tours; remparts avec plates-formes pour machines de guerre; l'enceinte couvrait un
   

rectangle de 500 mètres de long sur 420 de large. Deux voies dallées, perpendiculaires l'une à l'autre, aboutissaient aux quatre portes. Au croisement, le praetorium, palais du commandement. Il est rectangulaire (30m60 x 23m30); les quatre faces sont percées de portes cintrées. Une inscription mentionne des travaux, exécutés en 268, pour restaurer l'édifice, peut-être même le reconstruire, après un tremblement de terre.
N'oublions pas une série de chambres (scholae) où tenaient réunion les collèges de sous-officiers. Ces sociétés, bien connues aujourd'hui grâce à la documentation épigraphique de Lambèse, unissaient les agents d'un même grade. Elles avaient organisé la solidarité professionnelle et institué, en faveur de leurs membres, une sorte d'assurance mutuelle. Elles vouaient à l'Empereur, aux divinités favorites des soldats, un culte à la fois mystique et minutieux.
Dans l'enceinte, arsenaux, hôpitaux, bureaux, une prison, des magasins, des thermes qui occupaient environ 2.000 mètres carrés. Il faut rappeler ici que, vers l'an 200, Septime Sévère autorisa les légionnaires à vivre en dehors des camps devenus des places d'armes et d'exercices, des manières d'arsenaux.
Autres camps permanents ou citadelles: Besseriani, à 115 kilomètres au Sud-ouest de Tébessa, rectangle de 170 mètres x 100 mètres; Bénian, à 35 kilomètres au Sud-est de Mascara. Tagremaret (entre Frenda et Mascara), non loin de Bénian, logeait une garnison, dans une enceinte rectangulaire de 145 mètres x 90 mètres, avec tour ronde de 4m80 de diamètre à chaque angle. Camps permanents et citadelles étaient reliés par une ligne de fortins et de postes vigies dont, çà et là, surgissent encore les ruines. Ils furent pour la masse autochtone de puissants pôles d'attraction. Les familles des vétérans, les commerçants, les indigènes s'y fixaient. C'est ainsi que Lambèse, érigée en municipe sous les Antonins, accéda ensuite au régime de la colonie romaine. Ses belles constructions, de la seconde moitié du IIe siècle au début du IIIe, sont l'œuvre des légionnaires.

La vie civile

Main-d'œuvre militaire, légionnaires libérés, tels furent, en général, les principaux animateurs de la vie urbaine d'Afrique. Partout se retrouvent les briques marquées du sceau de la IIIe Légion. Le soldat romain qui avait forgé l'Empire, bâtit ensuite de sa main calleuse les cités de la Proconsulaire, de la Numidie, et quelquefois, des Maurétanies.

 
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