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Grand émoi dans la
ville. Ces bons Tlemcéniens s'émeuvent. Ils donnent enfin
une sépulture à Sidi Lhaloui.
Le cadi marchand de gâteaux, l'ascète à la pacotille de
bouche, dont la voix lamentable emplissait les soirs bleus
de Tlemcen, repose encore dans un modeste mausolée, près
de la mosquée qui porte son nom (fig. 52). Suivant une
inscription du portail d'entrée, elle fut bâtie en 754 (1353) sur l'ordre du
sultan Méridine Abou-Inan-Farès. |
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L'arcade portale ouvre un cintre outrepassé qu'entouraient
des céramiques. On voit encore le second cadre, bandeau
rectangulaire avec entrelacs, rosaces de faïence, riantes
couleurs bleues, vertes, jaunes, brunes et blanches.
Au-dessus, l'inscription dédicatoire à Abou-Inan. Sur la
frise, quatre rosaces octogonales. L'auvent est porté par
treize consoles appuyées sur une bande de bois à
épigraphie koufique : « La prospérité durable, la
bénédiction parfaite et la félicité ».
La cour intérieure a 10m10 x 10m60. Bordure d'arcades. La
salle de prières, 13m68 x 17m50, comporte 5 nefs de 3m de
large, celle du milieu de 3m35. Les arceaux des travées, en
fer à cheval, reposent sur des colonnes d'onyx hautes de 2
mètres. Les chapiteaux d'un très bel effet, ressemblent à
ceux des ruines de Mansoura. |
Deux colonnes de la salle de prières, prés de l'entrée,
offrent une inscription commémorative et l'une d'entre
elles un cadran solaire. Un cadran solaire à une place
abritée du soleil ? Cette anomalie, l'étroite parenté des
chapiteaux et de ceux de Mansoura, sont révélatrices : on
estime depuis Brosselard, que les colonnes, d'abord
destinées à la ville des assiégeants, furent ensuite
employées à la Mosquée de Sidi-Lhaloui.
Le mihrab, entre deux fûts d'onyx, dans un cadre dont le
décor a disparu, s'abrite sous une coupole à stalactites.
Sur les chapiteaux de ses deux colonnes d'ouverture, des
inscriptions psalmodient: « Mosquée du tombeau du cheikh
aimé de Dieu, l'élu de sa grâce El-Lhaloui, que sa
miséricorde divine soit avec lui! |
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L'ordre d'édifier cette mosquée bénie est émané du serviteur de Dieu, celui qui
met sa confiance dans le Très Haut, Farès, prince des Croyants.»
Le minaret, campé à droite de la façade nord, a un visible cousinage avec
celui de Sidi-Boumédine. On y remarque des défoncements, cerclés d'arcades
découpées, avec écoinçons géométriques. Au-dessus, comme une toile
d'araignée, un grand réseau à lambrequins et à fleurons.
Le décor des plafonds, en bois ouvragé, rappelle ceux de la Médersa
Bouanania, élevée à Fez sensiblement à la même époque, et du « Tailler
del Moro » de Tolède. Ils dessinent, de leurs entrelacs géométriques très
régulièrement disposés, rosaces, octogones, losanges et carrés. Nous
sommes, en effet, à l'ère où l'ébénisterie hispano-moresque amenuise et
découpe le bois pour lui faire rendre sa pleine tonalité d'art. Les lattes
assemblées encadrent généralement des polygones traités à la peinture. La
frise est une planche sculptée de koufique voisinant avec des arabesques.
N'oublions pas les consoles de l'auvent, sur le portail, avec leurs panneaux
latéraux supérieurs à entrelacs et à palmettes.
Mosquée et Qoubba de Sidi-Brahim
Fondée vers 1363 par Abou-Hamou II, avec une médersa aujourd'hui disparue.
Elle fut surtout importante au temps des Turcs qui la firent réparer et
embellir plusieurs fois, notamment vers 1830. Ils l'avaient réservée aux
Kouloughlis. Le plan est celui des mosquées Mérinides. Une arcature avec
auvent borde la cour intérieure. La salle de prières, 19m x 15, a cinq nefs
délimitées par des piliers supportant des arcs brisés. Mihrab, enfoncé
dans un cadre faïencé et fleuri où s'aiguise le croissant turc.
Le minaret engoncé, lourdaud, est revêtu, d'abord d'arcatures lobées, puis
d'un ruban de faïences en damier. blanches, brunes, vertes et jaunes; des
réseaux à lambrequins viennent ensuite et, enfin, au dernier étage, un
panneau d'arcades sur fond de petits carreaux.
En même temps que la Mosquée et la Médersa, Abou Hamou II fit élever un
mausolée (Qoubba) pour servir de sépulcre à son père et à ses oncles.
Sidi-Brahim El Masmoudi, mort en 1401, y fut également inhumé. Encore un
saint homme, plein de piété et de science, prompt aux miracles et que la
ferveur populaire n'a pas abandonné,
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