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   et dont on a prolongé la vie par tous les moyens pour en récolter les fruits. On n'y dispose donc pas de bois. Ce pays, heureusement, est riche en gypse d'où l'on extrait un excellent plâtre, suprême ressource pour la construction. "

Ce type de mausolée, très fréquent en Berbérie, abrite la tombe d'un personnage vénéré ou d'un inconnu dont l'anonymat enchante la masse. C'est là que brûlent les bougies expiatoires. Ici, le voleur qui, en pays arabe, porte toujours d'audacieuses moustaches, jure sous l'œil sévère des plaignants, qu'il n'a pris ni la femme, ni la chèvre du voisin. Ce serment laisse sceptique le vieux mari soucieux lui-même, dans sa lointaine jeunesse, ne vint-il pas ici bien des fois, après des nuits de belle aventure, témoigner de la pureté de ses mœurs ? Mais le bon marabout est indulgent. Il absout tout le monde et son descendant fait la quête. Autour du mausolée, au printemps et à l'automne, auront lieu les zerdas et les ouadas, sortes de foires religieuses où les anciens rites agraires se fondent dans les pratiques de l'Islam berbère.

Aux environs de Tlemcen, cent notes blanches éclatent dans la verdure. On dirait un chapelet d'onyx dont le fil s'est rompu. Ce sont les qoubbas. Leur gaîté vive détend la solennité des oliviers séculaires. Aucun aspect funèbre. L'Islam a conservé à la mort une noblesse apaisée, résignée, souriante que nos civilisations occidentales ne comprennent plus. Le fameux fatalisme de l'Orient, dont on n'a guère saisi le tonus psychologique, s'éclaire et s'humanise à la douce blancheur de ces coupoles.

Citons les qoubbas de Sidi Yakoub, de Sidi Ouahab, de Sidi Senoussi, d'Aïn-el-Hout, dont on trouvera dans le beau livre de M. M. Marçais, de précieuses monographies.

Tlemcen est admirablement située. Mais peut-être serait-elle restée un bourg ignoré sans Honaïn, son port naturel durant cinq siècles. Honaïn, à 40 kilomètres de la frontière marocaine, ruinée par les Espagnols en 1534, a joué un rôle commercial, et sans doute politique, considérable. Elle a apporté au royaume de Tlemcen l'appoint économique nécessaire pour continuer la lutte contre les Mérinides. Elle lui a ouvert, sur la Méditerranée civilisatrice, une large prise d'air. C'est plus qu'il n'en faut pour marquer sa place dans l'histoire de l'art tlemcénien

      

Les vestiges d'Honaïn ont été étudiés en 1928 par M. G. Marçais (Revue africaine, 4e trimestre 1928). Rien ne reste de la mosquée qu'Abou El-Hassan y fit construire; rien des bazars, des rues populeuses, " des maisons aimables décorées de faïences ". La porte Nord et la porte de la Mer conservent trace d'une ornementation qui

 
Fig. 54. - HONAIN : La Porte de la Mer (G. Marçais).
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