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et Sud du djebel et Meddad, un des contreforts du massif de
l'Ouarsenis. Sa contenance est de I.500 hectares environ. Pour se
rendre, de Teniet-el-Had au Rond-point des Cèdres, on peut prendre
les moyens de locomotion les plus divers; la distance à parcourir
est d'une quinzaine de kilomètres. On peut utiliser une automobile,
une voiture à chevaux, des mulets de bât, ou tout simplement faire
la route à pied.
Au fur et à mesure que l'on s'élève au-dessus de Teniet, on voit
émerger des crêtes qui forment comme un cirque autour de cette
localité. Quand on pénètre dans la forêt, on remarque qu'elle
est composée, dans sa partie basse, d'arbres d'essences très
diverses. Les chênes verts, les chênes-zéens, voire même
quelques chênes-liège voisinent avec les cèdres. Ceux-ci, au
début, sont plutôt rares, mais leur nombre augmente peu à peu et
ils finissent par devenir l'essence nettement dominante. A côté de
jeunes semis. naturels pour la plupart, on voit des cèdres de belle
venue, poussant droit leurs tiges et levant leurs branches vers le
ciel. Au milieu d'eux, se trouvent des vétérans, chargés de
siècles, qui, pliant en quelque sorte sous le poids des années,
s(° sont affaissés, tordus, ratatinés. Les branches les plus
élevées ont pris la forme de table, de plateau, de champignon, de
parasol, de parapluie. Les branches secondaires se sont abaissées,
elles aussi, et elles laissent retomber leurs extrémités qui
plongent vers le sol. Quelques-uns de ces ancêtres sont morts
debout et il faudra encore de nombreuses années avant qu'ils ne
tombent en poussière, car la sève a fait pénétrer, dans les
fibres du bois, une sorte de résine imputrescible, qui les protège
contre la pourriture et la décomposition.
L'hiver est rude pour les doyens de la forêt. La neige qui se pose
sur les sortes de dômes ou de plates-formes, constitués par les
branches supérieures, s'accumule au cours de la mauvaise saison;
elle atteint des épaisseurs dépassant souvent un mètre. Cette
surcharge considérable fatigue le colosse, qui n'a plus la vigueur
voulue pour résister. Si le vent souffle en tempête, c'est une
grosse branche qui se brise, ou bien c'est un arbre dix ou douze
fois centenaire qui se penche vers le sol, ses racines cédant peu
à peu sous le poids énorme qu'elles ont à supporter. Parfois
même c'est un des géants de la forêt qui s'abat tout d'un coup.
C'est ainsi que l'on voit, de ci de là, de véritables cimetières
de cèdres. Les troncs morts que le temps et les intempéries ont
polis et blanchis comme de l'ivoire, sont tombés en s'enchevêtrant
les uns dans les autres, ils |
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dressent en l'air leurs branches dénudées, comme pour prendre le ciel à
témoin de la catastrophe imméritée qui les a frappés. De loin, on les
prendrait volontiers pour des squelettes d'animaux antédiluviens, victimes
d'un cataclysme inattendu.
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En suivant les sinuosités de la route carrossable, on finit par
arriver à un tournant d'où l'on aperçoit, en le dominant d'une
centaine de mètres, le Rond-point des Cèdres. Quel site
merveilleux! Quel coup d'œil enchanteur! Au fond d'une petite
combe, tout entourée de cèdres, se trouve une prairie
délicieusement friche, d'un vert tendre, où l'herbe pousse
épaisse et drue. Quelques vaches, appartenant au Garde Forestier,
broutent cette herbe. C'est un véritable paysage de Suisse ou de
Savoie. Il n'y manque même pas les chalets, puisque, dans les
angles de la prairie, on voit la maison forestière, le gourbi du
garde indigène et un chalet, appelé Chalet Jourdan.
Le Rond-point est situé dans la partie la plus belle de la forêt
et à une altitude d'environ 1.500 mètres. On éprouve un plaisir
infini à se promener dans les environs immédiats. Les cèdres
multi-séculaires, voire millénaires, abondent. Les troncs ayant
plus de 8 mètres de circonférence ne sont pas rares.
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