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d'Alger, d'Otan et de Constantine, traversèrent le Sahara en
automobile en suivant trois itinéraires différents; elles
rapportèrent de leur voyage une foi nouvelle dans l'utilité de
cette entreprise. Par ailleurs les partisans du transsaharien
émirent à cette époque l'idée d'utiliser une part des
prestations en nature dues par l'Allemagne en vertu du plan Dawes,
pour couvrir une partie des frais d'établissement.
Les propagandistes multipliaient leurs efforts. Des comités
parlementaires étaient créés au Sénat et à la Chambre. Le
ministère des Travaux publics fut saisi au début de l'année 1927
par M. de Warren, député de Meurthe-et-Moselle, d'une demande de
crédit en faveur d'une société d'études à constituer. Le
gouvernement se décida enfin à l'action. Il fit voter, le 7
juillet 1928, la création d'un Organisme d'Études du chemin de fer
transsaharien doté d'un crédit de onze millions et demi à fournir
par les Gouvernements de l'Afrique du Nord et de l'A.O.F. et par les
grands réseaux français. La direction de cet organisme fut
confiée à M. Maitre-Devallon qui s'était déjà fait connaître
par de remarquables études sur la question. A côté de l'organisme
d'études fut constituée également une Commission consultative
présidée par M. Steeg. Chargé d'étudier objectivement et en
toute impartialité les possibilités et les conditions de
réalisation de cette voie ferrée aux points de vue technique,
économique, administratif et financier, il a complété et
précisé les données des études antérieures, à l'aide des
rapports de missions envoyées sur place et des enquêtes faites
auprès des Administrations et groupements susceptibles de le
renseigner.
L'organisme d'études vient de faire connaître ses conclusions.
Elles ont été adoptées à l'unanimité par la Commission
consultative. Il est donc permis de dire que la préface du
Transsaharien est terminée et que l'on peut. quand Gouvernement et
Parlement le voudront, passer à l'exécution de l'ouvrage
lui-même.
Les partisans du Transsaharien n'avaient pas seulement à combattre
ceux qui contestaient radicalement la possibilité et l'utilité du
transsaharien en mettant en avant les difficultés de la
construction, de l'exploitation et de la main-d'œuvre,
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et en s'efforçant de prouver la disproportion du coût avec l'importance des
résultats. Il leur fallut également lutter contre cette opinion assez
répandue que la liaison Niger-Algérie serait réalisée beaucoup moins
onéreusement, peut-être même avec de plus grands profits, par, les
transports automobiles. Il est vrai qu'à la période héroïque des grands
raids a succédé l'exploitation régulière des lignes automobiles; des
entreprises privées, comme la Compagnie Générale Transsaharienne, ont
créé des services qui fonctionnent parfaitement; on va maintenant d'Oran à
Bourem sur le Niger en six jours et dans des voitures très confortables. Mais
il faut bien se garder de croire que cette exploitation développée et
multipliée puisse jouer le rôle du chemin de fer. Il ne s'agit pas, en
créant un chemin de fer, de transporter des touristes, mais de mettre en
valeur la vallée du Niger, par suite de créer un exutoire rapide et à,
grand débit des richesses que peut produire cette région. L'automobile a, en
effet, une faible capacité de transport, réduite encore par les besoins de
son propre ravitaillement en essence et en accessoires. De plus, l'entretien
d'une route saharienne, soumise à l'usure répétée de poids lourds et de
ravitaillements en essence importants, entraînerait des frais considérables,
plus élevés que ceux d'un chemin de fer.
Bref, une exploitation automobile serait très coûteuse et les marchandises
transportées subiraient des frets prohibitifs; , on en aura une idée en
apprenant que le transport de marchandises par automobile du Niger à la côte
méditerranéenne revient actuellement à 6.000 francs la tonne.
En aucun pays l'automobile n'a pu ni ne pourra remplacer le chemin de fer,
Transporter un petit nombre de personnes, du courrier, des marchandises de
haut prix pouvant supporter un fret élevé, voilà le rôle limité
d'auxiliaire qui lui est dévolu et qu'elle aura à jouer aux côtés d'un
chemin de fer transsaharien : on imagine qu'elle desservira les points
écartés de la voie ferrée, comme des affluents alimentent le cours d'eau
principal.
Cette objection subsidiaire écartée, l'exécution de ce chemin de fer
est-elle possible ? Le grand désert acceptera-t-il que le rail lui fasse une
nouvelle violence ?
Tous les Français savent maintenant, et surtout depuis les grands raids
automobiles, que le Sahara n'est pas une mer infinie de sables mouvants. S'il
est vrai que, dans la
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