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   région des ergs, l'accumulation et le déplacement des sables s'opposent à l'installation et à la conservation d'une voie ferrée, des lits d'oueds desséchés, des hamadas, étendues très planes au sol dur et parsemé de cailloux, et à travers les massifs montagneux des seuils bas, offrent au rail au moins trois passages faciles, l'on pourrait même dire tout préparés.
 
Considérant la carte des itinéraires proposés pour le tracé du transsaharien, on constate qu'ils se confondent au point d'arrivée, le sommet de. la boucle du Niger, mais qu'ils sortent d'Algérie pour suivre ces trois passages, en trois branches dont chacune prend son origine dans un des trois , départements algériens : le tracé occidental ou du Sud-Oranais se raccorde au réseau à voies normales existant-à Bou-Arfa en territoire marocain; elle passe par Colomb-Béchar, Béni-Abbès, suit la vallée de la Saoura que sa suite ininterrompue d'oasis a fait surnommer « la rue des palmiers » jusqu'à Adrar, puis de Reggan descend droit au Sud à travers les solitudes désolées du Tanezrouft, atteint l'Adrar des Iforas, touche Tabenkort, Puis s'incline vers le sud-ouest pour aboutir à Tosaye sur le Niger; trajet total de 2.000 kilomètres environ de Bou-Arfa à Tosaye.
 
Le tracé oriental, ou du Sud Constantinois, prend son origine non pas à Touggourt desservi par une ligne de voie étroite, mais à Biskra : il passe par Ouargla, traverse le grand Erg Oriental par le passage du Gassi-Touil, emprunte le cours de l'Igharghar, contourne le massif du Hoggar à l'ouest après avoir franchi le seuil de Tenou à 900 mètres d'altitude, traverse l'angle oriental du Tanezrouft et rejoint le tracé occidental à Tabenkort, après avoir contourné par le sud l'Adrar des Iforas, au total, de Biskra au Niger, un trajet de 2.600 kilomètres environ.
 
Le tracé central, ou du Sud-Algérois, part d'Affreville. passe par Dielfa, Laghouat, Ghardaïa, El-Goléa, et rejoint le tracé occidental soit à Adrar, soit à Reggan, au total jusqu'au Niger un parcours de 2.400 kilomètres environ.
 
Parvenue à Aïn-Tassit, la voie ferrée formera une patte d'oie dont la branche occidentale longeant la rive gauche du fleuve arriverait devant Ségou, du bien restant sur la rive gauche elle remontera le cours du fleuve jusqu'à Ségou. Elle pourra un jour être raccordée aux chemins de fer de nos colonies de l'Ouest africain
      

Un embranchement, se détachant de la ligne principale à Aïn-Tassit et se dirigeant vers le Sud-Est, atteindrait Niamey, capitale de la jeune et florissante colonie du Niger. Des esprits plus hardis imaginent son prolongement vers le Tchad et même vers les bassins de l'Oubangui et du Congo; ils voient le rail se reliant par le Congo belge aux chemins de fer de l'Afrique du Sud. Ainsi notre transsaharien constituerait un des tronçons d'un nouveau Transafricain, qui unirait les trois plus beaux domaines coloniaux du continent noir et mettrait Paris à cinq jours du Tchad, Bruxelles à dix jours d'Élisabethville et Londres à quinze jours du Cap.
 
Mais pour revenir à des conceptions d'une réalisation moins lointaine, où doit aboutir vers le Nord cette voie ferrée ? Quel port algérien bénéficiera principalement de son trafic ? Ce sera bien entendu le port du département où la ligne prendra son origine. C'est pourquoi chacun des trois départements a défendu avec tant de chaleur le tracé qui le favorise. Depuis quelque temps cette rivalité n opposait plus guère que les Oranais et les Algérois.
 
Les Algérois font valoir que ce tracé franchit des régions entièrement pacifiées; il réduit de beaucoup la traversée désertique du Tanezrouft ; il longe la région du Hoggar qui offre quelques possibilités agricoles, est moins privé d'eau que le reste du Sahara et jouit d'un climat moins rude. Son aboutissant, le port d'Alger, pourra, grâce au développement incessant de son outillage, faire face à tout moment à un supplément de trafic.
 
A quoi les Oranais répliquent que le tracé occidental a l'avantage d'être le plus court; il traverse, en suivant la vallée de la Souara, un chapelet ininterrompu de riches oasis; pour ce qui est de l'insécurité des confins du Tafilelt, elle se borne à quelques actes de banditisme isolés dont on aura facilement raison si l'on veut bien utiliser les moyens énergiques qui ont fait leurs preuves partout ailleurs. L'aboutissement de ce tracé, le port d'Oran, s'est développé d'une façon telle qu'en 1928 il a dépassé le port d'Alger sous le rapport du nombre et du tonnage des navires entrés et du poids des marchandises manutentionnées. Il est capable d'absorber un trafic beaucoup plus important par lui-même et par les ports voisins qui constituent le groupe portuaire oranais, à l'Est Arzew et Mostaganem, à l'Ouest Béni-Saf et Nemours. Ce dernier port serait, nous le rappelons, l'aboutissant d'une des variantes du tracé occidental, celle qui se raccorderait

 
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