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   soumises; il y eut pénétration des deux inspirations, l'une berbère, l'autre orientale, et des dessins et des coloris nouveaux naquirent de cette fusion.
Cette fabrication, confiée aux femmes et aux fillettes, qui utilisaient à cet effet les laines du troupeau familial, teintes avec des plantes spontanées, fut d'abord limitée aux seuls besoins de la famille ou de la tribu. Mais bientôt il y eut surproduction, et le tapis devint une monnaie d'échange de plus haute valeur que la laine ou la peau. La production de certaines tribus était renommée, recherchée dans toute l'Afrique du Nord, et la réputation du tissu de laine algérien s'étendait, dès le IXème siècle, dans tout le monde, méditerranéen. Aux XIIIème, XIVème et XVème siècles, la France importait déjà des tapis du Maghreb. D'importants marchés existaient dans le pays et, au moment de l'occupation française, la foire annuelle d'Alger était largement approvisionnée en tapis de toutes sortes et de toutes provenances.
      

à l'habile main-d'œuvre indigène, grâce aussi à l'existence de certaines traditions relatives à la fabrication et à la teinture, il était facile de faire renaître l'industrie algérienne du tapis, de lui infuser un sang nouveau. En même temps que s'ouvraient de vastes ateliers groupant des centaines d'ouvrières indigènes, des écoles spéciales étaient créées pour enseigner aux fillettes du pays la technique de cette fabrication.
La renaissance du tapis algérien est maintenant chose faite. Il existe une importante industrie, répartie sur tout le territoire. Plus de 300 ateliers occupent actuellement un personnel qu'on peut évaluer à 3.000 ouvriers et ouvrières : c'est dire sa valeur sociale et l'appoint considérable de travail et de salaire qu'elle distribue à la main-d'œuvre indigène. Les manufactures possédant 100, 200 métiers sont courantes; il en est une, à Alger, qui occupe 700 ouvrières.
L'industrie familiale indigène, sous cette impulsion, connaît un nouvel essor. II n'est pas possible de connaître le nombre de métiers qu'elle utilise, mais on peut indiquer, pour donner une idée de son importance, qu'une enquête privée a révélé l'existence, à Kalaâ seulement, de plusieurs centaines de métiers fabriquant plus de 40.000 mètres de tapis.
Dans le commerce des tapis, la production algérienne a acquis une place de choix, qu'elle doit à l'excellence de sa fabrication, à sa valeur artistique, à sa variété et aussi à son prix peu élevé relativement à ses concurrents de Perse et de Turquie, qui la met à la portée des bourses moyennes.
Aussi les exportations sont-elles chaque année plus importantes : de 100 quintaux à peine au début du siècle, elles quadruplaient en 1910; elles dépassent maintenant 2.000 quintaux, valant une quinzaine de millions. La France en prend la plus forte quantité, mais les débouchés se font de plus en plus importants à l'étranger l'Angleterre, l'Amérique du Nord, la Belgique, la Hollande. la Scandinavie peuvent être cités parmi les meilleurs clients de l'Algérie.

II. - Les autres produits de l'élevage

Si le mouton est le principal élément de l'élevage algérien. on ne saurait négliger les autres productions animales de la colonie. Bien que moins importantes, elles rendent aux

 
Fig. 23. - UNE MANUFACTURE DE TAPIS - Les ouvrières, assises devant les métiers, suivent le dessin sur des cartons suspendus auprès d'elles.
Mais non guidée, non renouvelée, laissée à l'inspiration maladroite de femmes ignorantes et sans goût, cette fabrication était au point de vue artistique en pleine décadence au début du siècle dernier. Néanmoins, grâce
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