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La consommation locale est elle-même considérable. La viande de
mouton est en effet, pour nombre de régions, la seule viande de
boucherie. Rien ne permet de l'évaluer à coup sûr, mais elle
atteint certainement plusieurs millions de têtes. Toujours est-il
que l'Algérie n'importe jamais de moutons pour les besoins de sa
boucherie. Les 100.000 ovins que l'on relève dans les statistiques
d'importation viennent du Maroc oriental et ne font que traverser
l'Algérie pour être embarqués, à destination de la France, dans
les ports oranais ; ils ne restent pas dans la colonie, si ce n'est
quelques semaines pour y être engraissés.
Mais si, au point de vue de la boucherie, le mouton joue un rôle de
premier plan, il ne faut pas négliger ses produits qui, au compte
de l'exportation, s'inscrivent pour une somme au moins égale à
celle des expéditions d'animaux vivants.
Aujourd'hui que la France, outillée pour mettre en oeuvre de
grandes quantités de laine, doit faire appel à l'importation pour
le tonnage que ne produit plus son troupeau amoindri, le
développement dé l'élevage ovin en Algérie est au premier plan
des préoccupations des milieux économiques métropolitains.
Les moutons algériens fournissent une laine de bonne qualité qui
trouve facilement des débouchés sur les marchés lainiers de
Mazamet et du Nord de la France. La tonte produit annuellement entre
150 et 200.000 quintaux de laine, dont un peu moins de la moitié
est utilisé sur place : la fabrication indigène des tapis, des
tentures, des vêtements en absorbe une bonne partie; les industries
européennes du tapis et de la literie prennent le reste. Quant aux
quantités disponibles, une centaine de mille quintaux, elles sont
livrées à l'exportation; leur valeur oscille autour de la centaine
de millions. Il faut ajouter aux produits de la tonte les peaux en
toison provenant de l'abatage des animaux; bon an mal an il en est
exporté une trentaine de mille quintaux, d'une valeur de 30 à 40
millions de francs.
Reste la peau délainée. Elle ne fait pas, à l'extérieur, l'objet
d'un commerce important, car elle est en majeure partie utilisée
sur place et transformée en cuir par les nombreuses tanneries
indigènes et par d'importantes tanneries européennes. Les
exportations de peau représentent en moyenne 250 quintaux par an.
Voilà passée en revue rapidement une des plus importantes
productions algériennes, celle du mouton. Sa valeur |
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économique est incontestable, aussi les pouvoirs publics s'attachent-ils à
donner une ampleur plus considérable au développement de cet élevage : la
tâche n'est pas aisée, car il y a à vaincre l'inertie de la population
indigène, qui détient la presque totalité du troupeau, et qui tient
farouchement à ses vieilles traditions. Mais des mesures appropriées, en
voie de réalisation, telles que la constitution de réserves fourragères
pour la mauvaise saison et, l'aménagement des points d'eau où les troupeaux
transhumants trouveraient facilement à s'abreuver, sont susceptibles
d'accroître encore la production ovine, et pourraient, dans peu de temps,
permettre de doubler facilement l'effectif actuel.
Quoi qu'il en soit, l'élevage algérien, si élémentaire soit-il, permet,
tout en satisfaisant en grande partie aux besoins de la consommation locale,
d'alimenter un commerce d'exportation de prés de 400 millions de francs,
représentant le dixième de la valeur des exportations totales de la colonie.
Si l'on défalque de ce chiffre une somme de 60 à 80 millions, représentant
les importations de moutons, de peaux de mouton, de laine et d'articles en
laine, il reste à l'Algérie un bénéfice de plus de 300 millions de francs
: à coup sûr, il est peu de productions, à part la vigne, qui fassent
entrer en Algérie une somme aussi considérable.
Les tapis. - Il n'est pas possible, lorsqu'on parle de mouton et de
laine d'Algérie, de ne pas dire quelques mots d'une très ancienne industrie,
aujourd'hui florissante, qui est la conséquence de la présence dans le pays
d'un important troupeau ovin. Nous voulons parler de l'industrie du tapis.
Longtemps familiale, destinée à une faible consommation locale, la
fabrication du tapis est entrée maintenant dans une phase industrielle. En
dehors de la fabrication indigène, qui est considérable mais que rien,
jusqu'à présent, n'a permis d'évaluer, la valeur des ventes effectuées par
les manufactures de quelque importance s'élève annuellement à 30 ou 40
millions de francs.
Cette industrie ne semble pas d'une implantation récente; il est
vraisemblable que de tout temps le Berbère a fabriqué des tissus à
destination de tapis dont les dessins et les couleurs nous ont été transmis
par une longue tradition. Mais l'on doit à l'invasion arabe l'introduction du
tapis à points noués, d'origine asiatique relativement récente. Les
conquérants arabes enseignèrent cet art aux tribus berbères
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